Un atelier de restitution visant à présenter les principaux résultats de l’étude Connaissance-Attitudes-Pratiques(CAP), menée par Moto Action, auprès 1411 conducteurs de motos taxi dans certaines villes cibles du Cameroun s’est tenu ce 29 novembre 2016 à Yaoundé.
Les villes de Yaoundé, Kribi, Bertoua et Douala ont fait l’objet d’une étude dénommée : «Risques et prévention du VIH chez les conducteurs de moto taxis », première étude bio-comportementale et transversale intégrée sur 1411 motos taximen au Cameroun. Cette étude a été menée dans le cadre d’un projet plus global, le programme MOVIHCAM qui consiste en la professionnalisation de six organisations à base communautaire reparties dans tout le pays et qui vont travailler dans la prévention du VIH/SIDA auprès des populations du monde du transport.
Selon l’étude menée par l’association franco-camerounaise Moto Action, les conducteurs de motos taxi font partis des couches les plus exposées au VIH/SIDA. Ils font face à des rencontres et des partenaires au quotidien, travaillent dans des coins chaud, bruyant et sont exposés à l’alcool. Hidayatou, chargée des études MOVIHCAM dans sa présentation a expliqué la réalisation d’une cartographie afin d’aboutir à l’étude. Les associations et syndicats des motos taximen ont été mis en contribution pour faciliter la réussite de cette étude. Il en ressort que l’usage perpétuel d’alcool et des drogues telles que le tramol et le cannabis sont de plus en plus fréquent. La mobilisation de ces derniers a été le principal challenge. Compte tenu du temps à consacrer aux enquêteurs (environ 1 heure par moto-taximan), une compensation financière de 2000 F a dû leur être quelquefois octroyée. L’étude a permis en effet de relever qu’un peu plus d’un tiers (38,9%) des moto taximen pratiquaient une autre activité parallèle pour pouvoir joindre les deux bouts. Plusieurs difficultés ont été énumérées par Hidayatou à l’instar d’absence d’énergie électrique durant la collecte et la confiscation des motos à l’arrivée des forces de l’ordre.
Valérie Sandres, investigatrice principale de l’étude MOVIHCAM par ailleurs Coordinatrice générale dudit durant la restitution des résultats, a souligné le fait que 98% des conducteurs de moto taxi avaient entendu parler du VIH. La télévision était le principal moyen d’information pour 78% des conducteurs de moto taxi, pour ceux informés à travers la radio, 59,9% et ceux ayant été informés via les campagnes de sensibilisation sont estimés à 46,5%. La présentation a également démontrée que la quasi-totalité des répondants dont 94,7% a cité la voie sexuelle comme mode de transmission du VIH. Le niveau de connaissance était moins bon dans les villes de Kribi et Bertoua. Les connaissances sur les méthodes de prévention, le préservatif représentait le moyen le plus fréquemment cité soit 72%, suivi de la fidélité 45%, de l’abstinence 30% et de la stérilisation du matériel 9%.
Moto Action, l’association franco-camerounaise, qui compte aujourd’hui plus de dix ans d’existence compte étendre d’avantage ses activités de lutte et prévention contre le VIH/SIDA d’après Yves Manga, Président de l’association au Cameroun.
L’atelier de restitution ayant réuni un parterre de personnalités du Ministère de la santé publique, de l’Ambassade de France et plusieurs associations et organismes œuvrant dans la lutte et la prévention contre le VIH/SIDA au Cameroun a donné place à une série de questions-réponses aboutissant à de nombreuses recommandations pour les prochaines études en cours.
Par Elise Kenimbeni