De nombreuses activités sur la planification familiale ne cessent de s’intensifier dans la région de l’Extrême-Nord malgré la menace terroriste. Dr Jean Alain Mah, Chef du sous-bureau UNFPA à Maroua parle des enjeux de ces initiatives.
Y’a-t-il des activités ou campagnes en cours sur la planification familiale dans la région ?
La planification familiale(PF) dans la région, comme stratégie de réduction de la mortalité maternelle est en train de faire son bonhomme de chemin. Actuellement nous avons une campagne de promotion de la PF que nous appelons la semaine PF dans la région. En fait la semaine passée nous avons commencé avec des table rondes autour de cette activité et ces jours nous poursuivons les activités de terrain notamment des mobilisations des différentes cibles. La presse est impliquée à nos activités pour faire large échos. Nous avons planifié des activités au moins quatre sites. Nous espérons que les jeunes qui sont en train d’aller en congés, ceux ayant un besoin spécifique en matière de PF et d’autres informations vont se rendre sur les lieux.
Dr pensez-vous que jusqu’ici les populations de l’Extrême Nord adhèrent à l’utilisation des méthodes contraceptives modernes ?
De l’expérience que nous avons, ce qui est certain c’est que le besoin est là. Le besoin est là justement dans la communauté parce que dans certains sites des interventions où on a pu exactement dire à la communauté, aux femmes en âge de procréer que ce service existe et nous avons pu observer que la demande et l’offre ont été boostées. Nous pensons que le besoin existe, il suffit de donner la bonne information à la communauté et l’orienter vers les sites où les méthodes contraceptives sont disponibles.
Aujourd’hui quels sont les difficultés auxquels UNFPA fait face dans le cadre des activités de PF sur le terrain ?
Les difficultés sont nombreuses. Déjà la région est assez vaste. C’est une région fortement peuplée et cette population est essentiellement jeune. Je dois dire qu’il y’a une forte contrainte sur le plan sécuritaire pour avoir accès à certains sites. Ceci limite vraiment l’impact de nos interventions. Ce ne sont pas les seuls besoins, il faut le dire aussi clairement, la disponibilité des intrants de qualité sur les différents sites d’intervention est également un challenge. C’est vrai que le cap Extrême-Nord est assez performant mais lié au fait que la crise sécuritaire a impacté fortement sur les services sociaux notamment la santé. Autour de cette crise sécuritaire, il y’a des formations sanitaires qui ont fermées, le personnel de santé a été très instable sur les différents sites ce qui fait que tout ceci a des répercussions sur la qualité de service que nous pouvons offrir. Vous savez que UNFPA (Fonds des Nations Unies pour la Population) vient en appui au gouvernement. Donc si les structures de prise en charge sont fortement impactées par la crise sécuritaire, inévitablement cela impacte la qualité de services que nous délivrons.
Qu’elles sont les interventions que UNFPA a pu mettre en place pour accompagner les districts de santé sinistrés ?
Dans le cadre de nos interventions nous avons pu mobiliser des ressources, qui nous ont permis d’intervenir dans des districts sinistrés, autour des formations sanitaires qui ont subi ces sinistres. Nous avons pu ajouter du personnel supplémentaire. Nous avons déployé des sages-femmes, des intrants notamment des contraceptifs, des kits obstétricaux, kits d’accouchement, kits césariennes pour permettre à ces structures-là d’avoir un niveau d’offre de service qui répond aux besoins des populations malgré la crise subie.
Taux de Planification Familiale en baisse ou en hausse ?
Le taux de PF dans la région malgré les nombreuses interventions que nous avons eu ces dernières années et qui sont prometteuses, est suffisamment bas selon les dernières enquêtes menées sur le terrain. Il est certainement l’un des plus bas du pays, il est à 3% mais nous avons grand espoir compte tenu des activités qui se déroulent sur le terrain notamment avec les projets de promotion de la PF que coordonnent la GIZ en appui avec l’UNFPA, ACMS et bien d’autres ONG qui ont des interventions disséminées. Nous pensons qu’il y’a une dynamique globale qui consiste à repositionner la PF comme une stratégie de réduction de la mortalité maternelle dans la région.
Par Elise Kenimbeni