Health

Covid-19 : L’OMS Prévient l’Impact de la Pandémie sur les Services de Santé Essentiels en Afrique

La situation de la Covid-19 ainsi que l’impact de la pandémie sur les services de santé essentiels en Afrique étaient au centre d’un point de presse virtuel organisé par le bureau de l’OMS Afrique le 05 novembre 2020.

 

 

Selon une étude préliminaire menée dans 14 pays par l’Organisation mondiale de la santé (OMS),et qui s’appuie sur cinq indicateurs de services de santé essentiels notamment la consultation externe, l’hospitalisation de patients, l’accouchement en présence d’un personnel qualifié, le traitement des cas confirmés de paludisme et la fourniture d’un vaccin pentavalent combiné, il a été révélé une chute importante sur la prestation de ces services entre janvier et septembre contrairement aux deux années précédentes.

Les différences de prestation étaient les plus importantes en mai, juin et juillet, ce qui correspond à la période à laquelle de nombreux pays ont dû imposer des restrictions de mouvements et d’autres mesures sociales et de santé publique afin de contenir la propagation de la Covid-19. Au cours de ces trois mois, les prestations de services dans les cinq domaines étudiés ont chuté en moyenne de plus de 50% dans les 14 pays sélectionnés par rapport à la même période en 2019.

Tous ces points clés ont été révélé lors d’un point de presse virtuel organisé le jeudi 05 novembre 2020 par l’OMS bureau Afrique avec sur le panel le Dr. Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Aux côtés de la Directrice régionale de l’OMS, d’autres experts tels que Regina Kamoga, Directrice exécutive du Réseau communautaire de santé et d’information et par ailleurs présidente de l’Alliance des organisations de patients en Ouganda (l’UAPO) et Pr. Ifedayo Adetifa, épidémiologiste clinicien du programme de recherche KEMRI-Wellcome Trust et Professeur associé à la « London School of Hygiene and Tropical Medicine » du Kenya.

Durant les échanges animés par le Groupe APO et modérés par la journaliste Tsepiso Makwetla, la Directrice régionale de l’OMS a souligné le fait que la pandémie est un véritable frein dans l’investissement d’autres maladies et de services de santé communautaires.

Dr Matshidiso Moeti dit : « La pandémie de Covid-19 a eu des retombées indirectes et dangereuses pour la santé en Afrique. Dans la mesure où les ressources de santé sont fortement concentrées sur la Covid-19, à quoi s’ajoutent la peur et les restrictions affectant le quotidien des gens, les populations vulnérables font face à un risque croissant de passer entre les mailles du filet ».

Occasion choisie par la Directrice régionale de lancer une fois de plus une alerte aux éventuelles crises qui pourront affecter le système de santé dans le continent.

« Nous devons renforcer nos systèmes de santé pour mieux supporter les futures crises. Un système de santé robuste est la base de la préparation et de la réponse aux urgences. Tandis que les pays assouplissent les restrictions liées à la Covid-19, nous ne devons pas laisser la pandémie ressurgir…Une nouvelle vague d’infections à la Covid-19 pourrait perturber davantage des services de santé essentiels qui se remettent tout juste de l’impact initial. »

Il est indiqué qu’avant la pandémie de Covid-19, la mortalité maternelle en Afrique sub-saharienne était à un niveau inacceptable, représentant environ les deux tiers des décès maternels dans le monde en 2017.

L’étude menée par l’OMS indique également que la Covid-19 va probablement exacerber les défis sanitaires auxquels les femmes font face. Et une nouvelle analyse révèle que les accouchements en présence d’un personnel qualifié ont chuté dans les 14 pays. Au Nigeria, 362 700 femmes enceintes ont été privées de soins prénatals entre mars et août 2020. Plus de 97.000 femmes ont donné naissance hors des infrastructures sanitaires et plus de 193.000 n’ont pas eu de soins postnatals dans les deux jours suivant l’accouchement. Il y a eu 310 décès maternels dans les structures sanitaires du Nigeria en août 2020, soit près du double par rapport en août 2019.

Concernant les nombreuses campagnes de vaccins chez les enfants, c’est un redressement accru qui est observé. 1,37 million d’enfants supplémentaires dans toute la région africaine n’ont pas eu le vaccin Bacille Calmette-Guerin (BCG) qui protège de la tuberculose et 1,32 million d’enfants supplémentaires, âgés de moins d’un an, n’ont pas eu la première dose de vaccin contre la rougeole entre janvier et août 2020, en comparaison de la même période en 2019.

Des campagnes d’immunisation contre la rougeole, la tuberculose, la fièvre jaune, la polio et d’autres maladies ont été repoussées dans au moins 15 pays africains cette année. L’introduction de nouveaux vaccins a été suspendue et plusieurs pays ont enregistré des ruptures de stocks de vaccins.

« Maintenant que les pays allègent les restrictions, il est essentiel qu’il mettent rapidement en place des campagnes de vaccination de rattrapage. Plus un grand nombre d’enfants reste sans protection face à la rougeole et d’autres maladies infantiles, plus il devient possible de voir des flambées mortelles se déclarer et tuer davantage que la COVID-19. », a déclaré Dr Moeti lors du point de presse virtuel.

Des lignes directrices sur comment fournir des services d’immunisation, y compris comment effectuer une évaluation minutieuse des risques avant de lancer des vaccinations préventives de masse, avec une attention portée sur l’adoption de mesures de protection pour éviter la transmission de la Covid-19 ont été publiées par l’OMS.

La République Centrafricaine, la République Démocratique du Congo et l’Éthiopie ont déjà entamé un rattrapage des campagnes de vaccination contre la rougeole. 13 pays africains ont pour objectif de relancer des campagnes d’immunisation contre la rougeole, la polio et le papillomavirus humain dans les prochains mois et l’OMS fournit des indications sur les mesures de prévention Covid-19 afin d’assurer la sécurité des professionnels de la santé et des communautés. L’OMS a aussi fourni aux pays des conseils sur la façon de garantir la continuité d’autres services de santé essentiels en optimisant les paramètres de prestation de ces services, en redistribuant les moyens attribués aux personnels de santé et en proposant des manières d’assurer un approvisionnement continu en médicaments et autres biens de santé.

Dans le cadre de la riposte à la COVID-19, des agents de santé ont bénéficié d’un renforcement de leurs capacités en infection, prévention et contrôle, des laboratoires ont été renforcés et la collection et l’analyse de données ont été améliorées. Ces efforts participent à la lutte contre le virus tout en renforçant les systèmes de santé.

Cette séance va s’étendre le jeudi 12 novembre 2020 à une autre conférence de presse virtuelle qui va réunir un panel d’experts du bureau OMS Afrique.

 

 

 

 

 

 

 

 

Elise Kenimbeni

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