Alors que la communauté internationale observe ce 28 mai 2020 la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, de nombreux plaidoyers s’intensifient afin de briser les tabous et mythes autour de cette composante importante de la femme et jeune fille.
Réunis au sein du réseau des parlementaires de l’Europe avec pour but de protéger la santé et les droits sexuels et reproductifs des plus vulnérables, les élus du peuple portent le flambeau haut pour un changement et un réel développement sur les questions liées à l’hygiène menstruelle de la jeune fille et de la femme. Ce réseau de parlementaires de l’Europe plus connu sous l’appellation « European Parliamentary Forum(EPF) » accentue de plus en plus son plaidoyer à travers l’Europe et l’Afrique, d’où une collaboration étroite avec de nombreux députés africains.
Pour la journée mondiale de l’hygiène menstruelle, certains députés à l’instar de Marie-Rose Nguini Effa du Cameroun ont fait des publications avec pour objectif d’interpeller les décideurs et gouvernements afin d’améliorer les infrastructures sanitaires en milieu scolaire ceci pour permettre d’augmenter la fréquentation scolaire des filles, leur participation et leur maintien à l’école durant la période de leurs règles.
Dans sa tribune, l’Honorable Marie-Rose Nguini Effa relève les nombreux tabous qui continuent de peser sur la jeune fille et la femme en Afrique notamment au Cameroun son pays.
« L’hygiène menstruelle n’est pas une priorité, les femmes, les jeunes filles sont stigmatisées et soumises aux restrictions et aux croyances diverses perpétrées depuis des lustres (une jeune fille ne doit pas cuisiner certains mets sous prétexte qu’ils ne seront pas cuits pendant ses règles). Une jeune fille sur dix manque les cours pendant ses règles, on estime à 20% le temps scolaire perdu par ces dernières. Il faut briser le silence sur les menstruations cet omerta qui oblige les jeunes filles à se cacher car c’est un sujet tabou. »
Dans certaines communautés en Afrique tout comme au Cameroun, la question de l’hygiène menstruelle est rarement abordée. Que ce soit à l’école ou à la maison, on en parle rarement. Les personnes qui ont leurs règles sont quant à elles considérées comme sales, impures ou vulnérables. Les jeunes filles n’ont souvent aucune idée de ce qui leur arrive lorsqu’elles commencent à avoir leurs règles, ce qui les amène à considérer ce processus purement physiologique comme une chose dont il faut avoir honte et qu’il faut cacher.
Au-delà des tabous et mythes autour de la question d’hygiène menstruelle, il existe plusieurs difficultés auxquelles sont confrontées les jeunes filles et femmes. Selon des témoignages et vécues tel que le souligne Marie-Rose Nguini Effa, la plupart des filles et des femmes vivant dans la pauvreté n’ont pas accès à des produits hygiéniques abordables tels que des tampons ou des serviettes jetables ou réutilisables.
Elle dit : « Le problème d’hygiène menstruelle fragilise la santé des jeunes filles car la plupart du temps elles n’ont pas les moyens de s’acheter des protections. Le paquet de serviettes hygiéniques coûte 600 Francs CFA au Cameroun et pour les familles cela représente la ration journalière d’une famille entière ce qui fait du budget des protections hygiéniques un achat non prioritaire. Les jeunes filles utilisent des morceaux de tissus usés des vieux draps pour se protéger. »
Marie-Rose Nguini Effa souhaite que l’hygiène menstruelle soit considérée comme une problématique de santé publique afin de permettre de réduire les inégalités basées sur le genre et l’autonomisation de la femme.
Ajouté aux nombreuses difficultés auxquelles font face les femmes et jeunes filles durant leurs périodes, il y’a le manque d’infrastructures d’approvisionnement en eau potable, l’assainissement social économique selon Madame Nguini Effa qui se penche notamment sur le document de stratégie pour la croissance et l’emploi élaboré par le gouvernement de son pays.
« Il est vrai qu’au Cameroun le document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) 27 révèle l’intention d’atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) en améliorant les conditions de vie des populations. La DSCE reprend à son compte la cible 7.C de l’OMD numéro 7 visant à ‘réduire de moitié la proportion de la population qui n’a pas accès à l’eau potable’. Cet engagement de l’État du Cameroun porte sur plusieurs aspects parmi lesquels trois principaux points pertinents :Porter le taux direct d’accès des ménages du milieu urbain à l’eau potable de 29% pour un nombre d’abonnés estimé à 226638 à 75% en 2020 ; Mener des actions prioritaires dont la réalisation de 700 000 branchements en milieu urbain, de 40 000 équivalents point d’eau en milieu rural, et de 1,2 millions de latrines ; et la réhabilitation de 6000équivalents points d’eau en milieu rural pour la même échéance ;Porter le taux d’accès aux infrastructures d’assainissement de 15 à 60% à l’horizon de la stratégie, en mettant en place un programme d’installation de blocs de latrines avec points d’eau dans les établissements publics et en passant à l’échelle dans la mise en œuvre du programme d’assainissement total piloté par les communautés (ATPC) »
Cependant, la gestion de l’hygiène menstruelle reste un véritable challenge. Il est question d’éduquer toute les parties prenantes et briser ces tabous qui portent atteinte à la jeune fille et la femme. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), en Afrique 66% des filles ne disposent pas d’une bonne information sur la menstruation avant d’être confrontées à leurs premières règles, ce qui rend l’expérience négative, et parfois traumatisante. Sur le continent africain, une fille en âge de scolarisation sur dix s’absente régulièrement de l’école pendant ses règles.
La journée mondiale de l’hygiène menstruelle chaque 28 mai n’a pas été choisie de façon anodine car le 28ème jour du mois est la durée moyenne d’un cycle menstruel. Le mois de mai est quant à lui le 5ème de l’année, soit le nombre de jours moyen de la durée des règles.
Par Elise Kenimbeni