Le 4 juillet dernier, un article du journal « Cameroon Tribune » a reporté l’histoire de Clarisse, une jeune élève de 16 ans qui a frôlé la mort en voulant avorter alors qu’elle était enceinte de sept mois !

Clarisse a voulu avorter parce qu’elle était tombée enceinte alors qu’elle ne le voulait pas, parce qu’elle ne savait pas qu’il était possible d’éviter une grossesse à son jeune âge et d’attendre plus tard quand elle est prete. Cette situation aurait pu être évitée si seulement Clarisse avait reçu les conseils et services de planification familiale, si elle avait reçu une éducation sexuelle lui permettant de connaître comment fonctionne son corps et comment le réguler.

Loin d’être un simple fait divers, cette histoire est le reflet d’un problème profond qui mine la nation entière : celui de la santé reproductive en générale et de la planification familiale en particulier.

De nombreuses femmes aimeraient comme Clarisse connaître les moyens de reporter leurs grossesses à plus tard, mais seules quelques-unes ont commencé l’utilisation des méthodes modernes de contraception et donc de satisfaire leur besoin. D’après une étude réalisée en 2017 par Guttmacher Institute, 885 millions de femmes en âge de procréer (15-49 ans) dans les pays en développement souhaitent éviter une grossesse, 214 millions d’entre elles ont des besoins non satisfaits de contraception moderne. Cela signifie qu’elles souhaitent éviter une grossesse mais n’utilisent pas de méthode de contraception moderne. Au Cameroun, 17% des femmes en âge de procréer ont des besoins non satisfaits en planification familiale.

Loin d’être une simple préoccupation individuelle, il s’agit d’un problème national car chaque avortement, chaque grossesse non planifiée ou désirée, chaque besoin non satisfait en planification familiale affecte le développement du Cameroun. A contrario, chaque investissement supplémentaire dans la planification familiale a un impact positif sur le développement de la nation.

Comment ?

La nouvelle étude réalisée par Guttmacher(https://www.guttmacher.org/fr/fact-sheet/adding-it-up-contraception-mnh-2017 ) montre qu’apporter une réponse combinée aux besoins de contraception moderne et de soins de la grossesse permet de limiter des coûts des soins maternels et neonatale car il réduit l’incidence des grossesses non planifiées. Ainsi, pour chaque dollar supplémentaire consenti aux services de contraception en sus du niveau actuel, le coût des soins associés à la grossesse diminuerait de 2,30 USD.

Concrètement, en 2016, grâce à l’offre de service de planification familiale dans les formations sanitaires partout dans le pays avec l’appui de l’UNFPA, le Cameroun a pu éviter 51 645 grossesses non planifiées, 17 043 avortements clandestins et 196 décès maternels. C’est dire que si davantage d’investissement sont accordés à la planification familiale, les jeunes comme Clarisse ne tomberont plus enceinte alors qu’elles ne sont pas prêtes et ne risqueront plus de perdre leur vie en voulant se faire avorter clandestinement.

Ceci représente un gain énorme tant sur le plan social que sur le plan économique pour le Cameroun. La planification familiale touche tous les aspects du développement. Lorsque les femmes et les jeunes filles ont l’accès à la planification familiale, elles peuvent achever leur scolarité, créer et saisir de meilleures opportunités économiques, et en conséquence, réaliser leur potentiel. Bref, des familles, des communautés et la nation entière en profite ; ce qui peut déclencher une accélération de la croissance économique appelée dividende démographique.

Le gouvernement camerounais, conscient de ces avantages de la planification familiale s’est engagé depuis 2014 dans l’initiative Family Planning 2020 (FP2020). A travers cet engagement, le Cameroun vise comme objectif l’accroissement de sa prévalence contraceptive de 16,1% à 30 % et la réduction des besoins non satisfaits de 17% à 10% d’ici à 2020. ; Ce qui permettra à plus de femmes de décider, librement si et quand avoir des enfants. Le 11 juillet – aujourd’hui – s’ouvre à Londres au Royaume Uni un sommet sur la planification familiale coorganisé par le Département pour le développement international du Royaume-Uni (UK DfID), le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) et la Fondation Bill- & Melinda Gates en collaboration avec Family Planning 2020 (FP2020) et en étroit partenariat avec L’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) et Affaires mondiales Canada, afin de redynamiser l’engagement global en faveur de l’un des investissements les plus sensés pour le développement international : les programmes de planification familiale fondée sur les droits.

Il est essentiel de poursuivre l’élan acquis pour garantir la disponibilité de la planification familiale pour toutes, dans toutes les régions du Cameroun.       

 

Par Barbara SOW, Représentante résidente UNFPA Cameroun

 

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