Les cas de décès des femmes pendant l’accouchement sont de plus en plus récurrents. Dans la capitale politique, Yaoundé, le constat est alarmant au moment ou les chiffres sur la mortalité maternelle dans tout le pays inquiètent.
Rendu ce matin du 12 décembre 2018 à l’hôpital de district d’Efoulan dans l’arrondissement de Yaoundé 3, nous rencontrons Jeannine, une jeune dame presqu’à terme de sa grossesse, le visage fermé elle nous fait part de ses doutes quant à l’issue de son accouchement qui approche à grands pas.
Elle déclare « je ne sais pas si je vais accoucher sans problème« . A la question de savoir si elle a prit soin de respecter toutes ses visites prénatales, elle acquiesce sans trop de conviction « j’ai fait comme je pouvais » .Une attitude qui tend à nous indiquer les raisons de ses doutes sans toutefois nous informer un peu plus sur les faits réels.
Cette rencontre qui coïncide avec la célébration de la journée mondiale de la couverture santé universelle (CSU) soulève toute la problématique de la mortalité maternelle qui fait partie des enjeux du plaidoyer engagé au Cameroun par la société civile pour l’adoption d’une loi en 2019 en faveur de la couverture santé universelle(CSU).L’accès aux soins de santé à moindre cout et plus jamais supporté à 70% par les ménages fait partie des éléments d’intérêt pour une mise en œuvre effective de la CSU. Le contexte s’y prête d’ailleurs dans la seule région du Centre ou la proportion de la population couverte par chèque santé est à zéro.
La peur qui se lit sur le visage de Jeannine est confirmée par des statistiques plutôt alarmantes au Cameroun. Dans la région du Centre ou se trouve la capitale Yaoundé et ou les estimations du nombre de femmes enceintes attendues est de 230 136, chiffres de 2018, les décès maternels et périnataux déclarées au niveau régional en 2017 étaient de 1642 selon le programme national de lutte contre la mortalité maternelle et infanto -juvénile que coordonne le Dr Martina Lukong Baye.
En 2018, l’analyse des données ne rassure pas surtout qu’au plan national la courbe est ascendante. Le ratio de mortalité maternelle, nous renseigne le programme, est passé de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes en 1998 à 782 décès pour 100 000 en 2011 selon l’Enquête démographique et de santé (EDS) soit le taux le plus élevé dans la sous région Afrique centrale selon le fond des Nations Unies pour la population. Le Cameroun est ainsi interpelé sur plusieurs domaines. L’utilisation des services de maternité par les femmes enceintes, l’utilisation des services de CPN de qualité, le traitement intermittent du paludisme et l’usage des services de planification familiale…tout ceci disponible mais très peu accessible aux femmes qui en grande partie sont sensibilisées sur la nécessité de se frotter à toutes les étapes du processus qui conduit à un accouchement sans risques.
Mais dans la région du centre, hormis la capitale Yaoundé, les districts de santé en zone rurale font face aux résistances socioculturelles. Certaines femmes donnent naissance à la maison ou simplement ne font l’objet d’aucune visite prénatale pour des raisons liées soit à leur ignorance soit en l’absence de centres de santé conséquents confie une source médicale du département de la Mefou et Akono. Une double situation qui témoigne de la dure réalité qui conduit de façon fatale à la mortalité maternelle et qui n’épargne pas les zones urbaine qui à priori sont les plus étoffées en centre hospitaliers..
Par Jean Patient Tsala