Lutter contre les avortements clandestins au Cameroun, tel est l’objectif principal de l’organisation humanitaire Dynamic Femmes implanté dans la ville de Nkongsamba, région du Littoral.
C’est à travers le projet dénommé : « Coalitions communautaires, alliances stratégiques et consortium d’activisme pour la transformation des normes sociales relatives à l’avortement », que l’organisation à base communautaire, Dynamic Femmes veut accentuer la lutte contre les avortements clandestins au Cameroun. Il va dans un premier temps s’étendre dans trois(3) régions pilotes, à savoir le Centre, le Littoral et l’Ouest Cameroun.
Tel que l’indique la fiche technique du projet, il repose sur un ensemble d’actions de sensibilisations, de recherches et de réflexions menées par l’association Dynamic Femmes.
L’organisation souhaite à travers ses multiples activités, susciter la problématique de l’avortement au Cameroun et qui selon elle représente un sujet qui devra faire l’objet de débats. Ces débats devront conduire à une revue des normes sociales constituées des idées, des dogmes et des pratiques humaines qui régissent cette pratique. La transformation de ces normes sociales appel à emmener les communautés, les acteurs et les leaders à susciter les modifications nécessaires et positionner ce sujet la scène publique au Cameroun.
Selon la législation camerounaise, l’avortement provoqué reste encore interdit et n’est autorisé que pour des raisons médicales. Le code pénal camerounais prévoit en son article 337 des sanctions assez lourdes à l’encontre des personnes accusées d’actes d’avortement provoqué. Les peines de l’avorteur sont doublées lorsqu’il s’agit d’un professionnel de santé ou d’un récidiviste. Ce dernier peut même subir des peines supplémentaires notamment la fermeture de l’établissement ou l’interdiction d’exercer la profession. Dans son article 339, le code pénal prévoit deux cas dans lesquels les pénalités prévues par l’article337 réprimant l’avortement ne peuvent pas être prononcés : – lorsque l’avortement est justifié par la nécessité de sauver la mère d’un péril grave pour sa santé ; – lorsque la grossesse résulte du viol. Dans le même sens, le protocole de Maputo, adopté sous l’égide de l’Union africaine en 2003 et ratifié par le Cameroun en 2009, autorise « l’avortement médicalisé, en cas d’agression sexuelle, de viol, d’inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du fœtus ».
Toutefois, certaines modalités doivent être observées : d’abord l’avortement doit être réalisé dans les premiers mois de la grossesse, notamment en cas de viol, ensuite l’avortement doit être pratiqué par un praticien dans un centre hospitalier public ou dans une clinique privée autorisée, enfin l’avortement doit être effectué après une autorisation du ministère public qui délivre une attestation sur la matérialité des faits. Malgré cette interdiction, la pratique des avortements clandestins, surtout chez les adolescentes, est devenue une réalité préoccupante, aussi bien pour les pouvoirs publics que pour les familles.
Bien qu’il n’existe pas des statistiques sur le taux des avortements clandestins au Cameroun, un rapport publié en 2014 par l’Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) basé au Cameroun et du Guttmacher Institute basé aux Etats-Unis dont l’intitulé est : « Avantages à répondre aux besoins de contraception des Camerounaises » indique des chiffres clés qui mettent en exergue ce problème à un niveau.
D’après ledit rapport, en 2013, ce sont environ 2,3 millions de Camerounaises actives sexuellement qui souhaitaient reporter leur prochaine grossesse (72%) ou ne voulaient plus avoir d’enfants du tout (28%). L’étude révèle cependant que seules 37% de ces femmes avaient recours à une méthode de contraception moderne. Et si 18% des autres femmes comptaient sur des méthodes de contraception traditionnelle, 45% n’utilisaient aucune méthode. Ce faible niveau de recours à la contraception entraîne des taux élevés de grossesses non planifiées et alimente les statistiques alarmantes des taux de morbi-mortalité maternelles dans le pays.
A titre d’information, c’est plus de 300 membres répartis dans 8 associations qui constituent la coalition, Dynamic Femmes. Cette coalition qui est une organisation de la société civile, humanitaire et collective agit en faveur des droits des femmes sur les plans, politique, économique et social, en œuvrant pour la défense des intérêts des femmes. Dynamic Femmes agit avant, pendant et après les catastrophes et les urgences relatives à la santé pour répondre aux besoins des plus vulnérables et pour améliorer leur vie. L’organisation dit disposer de cette aide sans distinction de nationalité, de race, de religion, de classe ou d’opinions politiques, d’où sa vision centrée sur la promotion et la défense des droits des femmes et filles. Acteur clé de défense et de promotion.
Timesnews2