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Cameroun: Paul Biya remanie sous l’emprise des équations

Au-delà de la redistribution des cartes, rien n’indique que la nouvelle équipe gouvernementale sortira du halo inertiel qui s’épaissit au fil des ans et des remaniements.

 Nul n’oublie le fameux épisode du maillot anecdotique que les Lions indomptables ont arboré lors de la CAN 2004. Cette année-là, l’équipe nationale de football senior du Cameroun a joué la CAN avec des maillots cousus comme des grenouillères, le maillot en un. Suffisant pour canaliser l’ire de la Fédération internationale de football association (Fifa) sur le Cameroun. Les Lions indomptables sont suspendus et six points leur sont retranchés avant même le début des éliminatoires de la Coupe du monde 2006. A l’époque, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt est ministre de la Jeunesse et des Sports. Il est limogé sans façon et remplacé par David Siegfried Etame Massoma. Le Cameroun avait aussi eu à payer une amende lors des jeux olympiques de Sydney en 2000 pour avoir politisé les jeux. La faute du Cameroun : avoir défilé avec l’effigie de Paul Biya sous l’instigation du ministre de la Jeunesse et des Sports, Pierre Ismaël Bidoung Mpkatt. Voilà quelques faits d’armes de celui qui revient au ministère des Sports. Va-t-il rompre avec ces actes dramaturgiques ?

Au regard des profils des ministres nommés, mutés ou maintenus, il apparaît évident que le critère d’efficacité gouvernementale n’est pas celui qui a motivé les choix du président de la République. Emmanuel Nganou Djoumessi devient ministre des Travaux publics, alors qu’à la tête du ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire, il n’a pas été à la hauteur de la mise en œuvre efficace du Plan d’urgence pour la croissance. Le ministre de l’Environnement ne parvient pas à donner des gages solides quant à l’instauration du plastique biodégradable.

Au regard de la plupart des profils, l’on peut dire que le chef de l’Etat a remanié, mais il n’a pas innové. Car, il a plus mis l’accent sur le maintien des équilibres tribaux que sur la technicité : Kendek remplace sociologiquement et numériquement Bakang Mbock ; Beti Assomo entre au gouvernement en lieu et place de Robert Nkili, pour que le Nyong et Mfoumou ne se sente pas lésé ; Mouelle Kombi vient équilibrer la présence du Nkam au gouvernement, Titti Pierre et Moukoko Mbonjo étant désormais à la touche. Eyebe Ayissi hérite de l’Agriculture en lieu et place d’Essmimi Menye, un autre natif de la Lékié. Ngwaboubou est là aux Mines, pour que les natifs de la Kadei à l’Est Cameroun ne se sentent pas frustrés, Emmanuel Bondé étant sorti du gouvernement. Mbah Acha née Fomundam Rose Ngwari comble le puzzle tribal qui doit s’équilibrer après le départ d’Ama Tutu Muna, toutes deux natives du Nord-ouest. Toutes ces équations ethno-identitaires ne sont pas toujours des gages d’efficacité de l’action gouvernementale.

 

Par Christian Lang

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