Health

Lutte contre le VIH : Les Communautés Engagées à Mettre Fin à la Stigmatisation

Dans le cadre de la commémoration de la 36eme édition de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, une marche sportive a été organisée le 09 décembre 2023 à Yaoundé.

Photo credit: Bienvenu Mveng

« Ensemble mettons fin à la stigmatisation liée au VIH et construisons l’espoir », c’est le thème de la marche sportive organisée le samedi 09 décembre 2023 à Yaoundé, capitale du Cameroun. Une marche sportive qui intervient dans le cadre des activités de la journée mondiale de lutte contre le SIDA, qui s’observe chaque 1er décembre de l’année.

La marche sportive qui a débuté aux environs de 7h45, avait pour itinéraire le boulevard du 20 mai (lieu de rencontre) en passant par le carrefour warda, le palais polyvalent des sports, l’école de police et pour un arrêt final à l’esplanade de la Sous-préfecture de Yaoundé 2eme à Tsinga. Elle a regroupé des administratifs, plusieurs organisations à base communautaire, des organisations non-gouvernementales, des associations, des partenaires techniques et financiers.

Le kick-off a été donné par Dr. Tigyo Stéphanie Lynda, Coordonnatrice du Groupe Technique Régional de lutte contre le SIDA au Centre.

Dns son mot d’ouverture, la Coordonnatrice du GTR-SIDA au Centre, a relevé que la marche sportive est un moment de communion entre les institutions et organisations qui œuvrent pour l’éradication de cette pandémie. Il était aussi question de booster les différents participants à la marche.

Au cours d’une interview accordée aux médias, Dr Tigyo a souligné l’importance du I=I, ce qui veut dire indétectable égal intransmissible.

Dr. Tigyo Stéphanie Lynda, Coordonnatrice du GTR-SIDA au Centre

Elle dit : « C’est tout simplement lorsque vous prenez très bien votre traitement vous arrivez à une charge de virus très minime dans votre sang et lorsque vous avez cette charge de virus très minime, vous ne contaminez plus le VIH par voix sexuel. C’est un peu ce message d’espoir que nous voulons véhiculer à ceux qui sont infectés et bien évidemment même à ceux qui sont affectés afin de déconstruire la stigmatisation et faire savoir qu’une personne avec le VIH peut désormais vivre normalement, puisqu’avec cette charge virale indétectable, elle peut justement avoir cette longue vie comme toute autre personne qui n’est pas infectée. »

Dr Tigyo ajoute que : « Il faut déjà noter que dans la région du Centre, nous avons fait une division de la zone en deux. C’est-à-dire Yaoundé et hors Yaoundé. A l’intérieur de la ville de Yaoundé, la prévalence est à 2,4% selon la dernière enquête démographique de santé et hors Yaoundé, nous sommes à 3,5% »

Les communautés en vitrine

Cette marche sportive très animée et courue a permis de réveiller les populations, qui sortaient de leurs boutiques, magasins et d’autres de leurs maisons pour aiguiser leur curiosité. Tout au long du parcours, l’animation s’est faite ressentir et les participants à la marche ont partagé des lubrifiants et préservatifs aux populations qui en demandaient.

Les participants à la marche ont également chanté, dansé et passé des messages clés sur le VIH/SIDA tout en décriant la discrimination et la stigmatisation.

Dans les rangs, il y’avait des animateurs communautaires qui ont également saisi l’occasion pour passer des messages en langues locales pour une bonne compréhension de la lutte contre le VIH.

Tel que l’indique le thème général de la 36ème édition de cette journée commémorative : « Confier le leadership aux communautés », il est question de donner une place de choix aux communautés qui sont les principales actrices dans la lutte contre cette maladie.

« Il est important plus que jamais d’impliquer les communautés. Elles sont au cœur des actions. Et doivent être davantage en avant pour promouvoir cette lutte qui nous interpelle Tous ! » Dixit Dr Eni Muna Mbuagbaw, Team Lead à Georgetown University, qui était participante à la marche sportive.

Dr Eni Muna Mbuagbaw, Team Lead à Georgetown University

Cette marche sportive était l’occasion pour les communautés de faire montre de leurs atouts dans cette bataille quotidienne.

Comme bon nombre organismes qui ont pris part à cette activité, le RéCAP+, qui est le Réseau Camerounais des Associations des Personnes Vivant avec le VIH était au-devant de la scène compte tenu de son implication dans la lutte et la dispensation communautaire qu’il mène depuis des années avec l’appui du gouvernement et des organisations internationales.

Karim Mforain, Communication Officer du RéCAP+ a souligné le rôle crucial que joue les communautés dans l’éradication du VIH/SIDA.

Il a ajouté qu’il y’a une nécessité de lutter contre la stigmatisation qui se vit au sein des entreprises. Selon Monsieur Mforain, plusieurs personnes infectées sont rejetées dans les entreprises et n’ont pas accès à des emplois lorsque leurs statuts sérologiques sont dévoilés.

Karim Mforain dit : « Nous nous rendons compte que malgré les multiples luttes menées jusqu’ici contre la stigmatisation, elle demeure encore, et du coup les personnes vivant avec le VIH ont du mal à s’insérer dans le milieu professionnel. On préfère se taire, on préfère garder le mal pour soit de crainte qu’en déclarant son statut sérologique qu’on perde son emploi. Ceci est donc une occasion pour nous au RéCAP+ d’inviter les Chefs d’entreprises, l’Etat afin de nous accompagner dans cette lutte contre ce phénomène de stigmatisation en milieu professionnel. Une personne séropositive a les mêmes compétences qu’une personne en bonne santé et peut faire le même travail. »

Karim Mforain, Communication Officer du RéCAP+

Pour achever cette activité qui a réuni du beau monde, c’est l’esplanade de la Sous-préfecture de Yaoundé 2eme à Tsinga, qui a servi de cadre à une séance des exercices physiques et de relaxation à travers des danses telles que la « zumba dance » et les « medzang » au rythme des balafons.

Quelques données

Selon des données des rapports d’avancements nationaux au Cameroun, le pays fait face à une épidémie mixte, à la fois généralisée et concentrée dans certains groupes de populations. La prévalence du VIH au sein de la population adulte de 15-49 ans se situe entre 2,5% et 3,8%. En effet, l’étude CAMPHIA réalisée en 2017 a donné une prévalence de 3,4% [3,1-3,8] et selon l’Enquête Démographique et de Santé 2018, elle était de 2,7% [2,5-2,9].

L’évolution est similaire dans les deux sexes et le différentiel femmes/hommes persiste depuis 2004, avec une sex-ratio d’environ 2/1. Les disparités selon les tranches d’âge et le sexe demeurent très marqués. Si chez les 15-19 ans la prévalence est quasiment la même chez les hommes que chez les femmes, l’écart se creuse à partir de la tranche 20-24 ans. De manière globale, la prévalence plus élevée chez les femmes que chez les hommes (3,4% versus 1,9% chez les 15-49 ans) s’observe dans toutes les tranches d’âge après 19 ans.

Partant de 0,8% parmi les jeunes filles de 15-19 ans, la prévalence du VIH augmente très rapidement chez les femmes pour atteindre un maximum de 6,5% chez les 35-39 ans ; elle retombe ensuite à 4,9 % à 45-49 ans pour se stabiliser à 4,8% à 50-64 ans.

Elise Kenimbeni

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