La vaste étendue de forêt qui abrite les villages qui longe ce tronçon, fait l’objet depuis de nombreuses années d’une exploitation sans pareil au détriment des populations riveraines.
C’est un véritable drame socio-économique que vivent les populations des villages situés tout le long du trajet Bertoua-Lom-Pangar. En effet, depuis plus d’une vingtaine d’années que le sol et la forêt sont exploités dans cette partie de la région de l’Est, les populations n’en tirent aucun bénéfice. Au contraire, celles-ci pointent un doigt accusateur sur certains fils du coin (vrais bénéficiaires) qui, avec la complicité de l’élite politico-administrative, contribuent à l’appauvrissement de ces villages.
Lors d’une première descente sur le terrain en décembre 2016, des responsables de familles et ainsi que certains chefs de village n’étaient pas d’accord relativement à la manière avec laquelle le bois est exploité par certaines entreprises dont ils n’ont aucune connaissance, elles qui viennent, coupent du bois et s’en vont sans avoir réalisé la moindre œuvre sociale pérenne au bénéfice du village.
C’est le cas notamment du village Dondi qui ne compte qu’un Collège d’enseignement général (CES) et qui voit, impuissant, défilés tous les jours des camions et autres grumiers transportant des madriers et autres essences naturelles. Dans les villages Mbethen I, c’est le bruit assourdissant des tronçonneuses et des arbres qui s’écroulent pas très loin des habitations qui rappellent que des hectares de forêts sont en train d’être ravagés avec pour seules récompenses quelques billets de banque qui ne correspondent à pas grand-chose.
Lors d’une seconde descente sur le terrain du 20 au 22 avril 2017, un villageois nous apprend que son père, héritier de son grand père puis de son père, avait cédé un large pan de la forêt qui lui revenait de droit à une entreprise d’exploitation du bois. Après le départ de celle, c’est le désastre. La route d’accès au lieu de coupe situé entre les villages Mbethen 1 et Mbethen 2 laisse apparaître des creux digne des grandes catastrophes. Au bord du chemin, des madriers à même le sol, sous le soleil et la pluie qui sont la preuve du passage d’un exploitant. Au final, le bois qui a pris le chemin de Dimako et de Batouri d’après son fils, n’a rien apporté à son père qui est sans un sou aujourd’hui. Un autre membre de la communauté, un peu plus instruit que les autres, très courroucé dit : « ils viennent ici s’enrichir puis ils s’en vont avec notre sans qu’on ne voit pas le changement ». « C’est grave, très grave même », dit-il.
Irresponsabilité sociale des entreprises
Pour les jeunes que nous avons rencontré, c’est la problématique de l’emploi qui se pose. Tandis que certains se sont lancés dans la cueillette du vin de palme (Matango), d’autres dans l’agriculture de faible intensité sans l’aide de « l’élite ». Et c’est là que le bât blesse, renchérit la totalité des jeunes. « Nous avons ici un fils du village qui a acquis une immense partie de la forêt que l’on appelle ici NOLA sans l’avis du village, sous le prétexte qu’il est de chez nous ». « Il emploie même des jeunes qui abandonnent leurs propres champs pour se mettre à son service», se plaignent-ils. A la fin, rien n’a changé pour eux, disent-ils. « Si quelqu’un pouvaient nous sortir de là », exprime désespérer un jeune, « ce serait une bonne chose ».
Hervé Ndombong