Les populations de l’arrondissement de Ngwei, département de la Sanaga maritime, région du littoral se sentent exclus de la gestion de la foret et ainsi éloignées de leurs droits les plus fondamentaux en matière de respect des intérêts des communautés comme le prévoit la loi .
C’est en effectuant une visite de terrain dans l’arrondissement de Ngwei ce 27 mars 2017 que nous avons pu toucher du doigt les réalités que vivent au quotidien les populations de cette localité. Les habitants du village Mapoubi, sur la soixantaine que compte l’arrondissement, est situé aux abords de l’axe lourd qui relie Yaoundé à la capitale économique Douala n’ont que leurs yeux pour pleurer face aux entraves qu’ils subissent. Leurs droits sont bafoués disent-ils. Selon le chef du village Mapoubi, Joseph Mandeng, les populations font face aux problèmes d’énergie électrique et d’accès à l’eau potable. C’est un parcours du combattant que doivent effectuer au quotidien les habitants du village afin d’avoir de l’eau potable, il faut parcourir des kilomètres pour recueillir le précieux liquide du forage situé à l’esplanade de la chefferie. « Nous travaillons avec les communautés riveraines telles que la communauté « SUHE » qui fait des mains et des pieds pour la réalisation de certains projets dans notre localité mais rien n’avance » confie le chef de village le regard lointain. « Il y a eu des projets d’électrification mais nous n’en n’avons pas bénéficié depuis lors. Nous vivons des promesses fallacieuses, la commune ne nous implique pas dans certains projets propre à l’intérêt des populations » ajoute Joseph Mandeng.
Le village Mapoubi est de toute vraisemblance l’un des plus lésé d’une zone ou l’exploitation forestière est très florissante. Le passage de lignes électriques de haute tension depuis les années 1980 au-dessus des toitures des maisons du village en direction d’Edéa ville, chef-lieu du département de la Sanaga maritime, laisse pantois. Tout comme le passage incessant des camions transporteurs de billes de bois sortis directement de la foret locale. Les populations riveraines observent le phénomène les gorges serrées. Le village est plongé dans le noir depuis de nombreuses décennies. Les fruits de l’exploitation forestière sont loin des réalités d’une vie plutôt morose. Mapoubi, Ebombe, Logbi… font partie des villages qui broient du noir et sont dépourvus de points d’eau aménagés.
Les populations se sont organisées en communauté riveraines tel que prévu par l’arrêté conjoint 0076 du 26 juin 2012 ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, ministère des finances et ministère des forets et de la faune. Un arrêté qui fixe les modalités de planification, d’emploi et de suivi de la gestion des revenus provenant de l’exploitation des ressources forestières et fauniques destinés aux communes et aux communautés villageoises riveraines. Des commissions misent sur pied permettent d’entretenir le dialogue avec le préfet du département et les responsables de la commune de Ngwei. C’est le cadre idoine pour se plaindre relate le chef de Mapoubi. Toutefois, les réponses des autorités demeurent sans suite selon Luc Ndebe président du comité riverain de NGWEI. Une structure aujourd’hui presque en arrêt d’activités et qui serait victime des humeurs de certains élus locaux qui ne feraient pas preuve de transparence dans la gestion des revenus issus de l’exploitation forestière. La redevance forestière annuelle (RFA) restaurée à hauteur de 6,75% dans la loi des finances 2017 au Cameroun après la suppression dans celle de 2015 entretien l’espoir d’une amélioration de la situation. Néanmoins, les droits des populations riveraines ne semblent pas être la tasse de thé des exploitants forestiers qui sont pourtant astreints à un cahier de charge imposé dans le cadre de l’attribution des licences d’exploitations. Mais ces documents ne sont pas mis à la disposition des villageois rapporte Luc Ndebe. Sur ce point le président du comité riverain reste très interloqué par le contraste effarant qu’ il y aurait selon lui entre le niveau de vie des populations et le chiffre d’affaire réalisé par les entreprises détentrices des titres d’exploitation et même celles opérant en toute illégalité à la barbe et au nez des villageois. Le développement des 59 villages du canton ETHOUA et des 20 villages du canton YABI NDOG BESSOL de l’arrondissement de NGWEI est précaire selon Nlend Nlend pascal, surveillant forestier, qui dénonce par ailleurs l’attitude complice de certains villageois qui entretiennent des relations louches avec les exploitants de qui ils reçoivent des cadeaux en argent ou en nature mettant ainsi en péril la protection des droits de la communauté. Ce qui, de son point de vue limite l’impact des actions de dénonciation du comité riverain et des organisations de la société civile qui s’impliquent dans l’observation indépendante. En attendant c’est comme à une liane que s’accroche toujours le sous-développement dans l’arrondissement de Ngwei.
Par Elise Kenimbeni