L’élection de Roch Marc Christian Kaboré au premier tour de l’élection présidentielle sort le pays d’un cycle chaotique qui a souvent été marqué par des coups d‘Etat. Le nouveau président inaugure le cycle démocratique.

Si Blaise Compaoré avait réussi à modifier l’article 37 de la constitution burkinabé en 2014, Roch Marc Christian Kaboré n’aurait certainement pas été élu président de la République au terme du scrutin du 29 novembre 2015. Et si Roch Marc Christian Kaboré ne s’était pas désolidarisé du projet révisionniste de son mentor Blaise, rien ne lui aurait garanti un destin présidentiel. Et si, enfin, Christian Kaboré n’avait pas migré dans l’opposition, les séquelles des années de gouvernance de Compaoré seraient restées incrustées sur son aura politique qui en aurait été ternie. Compromettant ainsi ses chances de devenir président de la République.
Aujourd’hui, les Burkinabé qui avaient impatiemment besoin d’un nouvel ordre politique en exigeant le départ de Blaise quand ce dernier a voulu usé de subterfuges législatifs pour se perpétuer à la tête de l’Etat, peuvent lâcher un ouf de soulagement. La page Compaoré est définitivement tournée.Une page qui est restée figée à la vue des Burkinabè pendant 27 ans, sans discontinuer. Une page qui, malgré les discours dithyrambiques et les rouages de la cosmétique politique, n’aura pas été une période de prospérité et d’émancipation des Burkinabé.
L’élection de Christian Kaboré sort le Burkina Faso d’un long cycle chaotique. Un cycle chaotique qui a ponctué les différentes phases de la vie politique de l’ex Haute Volta. Comme si une chape maléfique enveloppait son destin politique, le pays des hommes intègres n’a pas toujours produits des dirigeants intègres. Le premier président de la République, Maurice Yameogo, assure la magistrature suprême suite à l’aboutissement des passe-passe politiques et non par la consécration d’un processus électoral transparent. La dictature qu’il a insaturée sera interrompue par un soulèvement populaire le 3 janvier 1966. Un soulèvement qui entraîné la démission de Yaméogo et la prise de pouvoir le 4 janvier 1966 par le lieutenant-colonel Aboubacar Sangoulé Lamizana. Le règne de ce dernier sera interrompu par un putsch qui a porté le colonel SayeZerbo au pouvoir. Celui-ci aura une espérance de vie très courte. Un coup d’Etat perpétré en 1982 par un groupe de militaires sous la houlette du commandant Jean-Baptiste Ouédraogo et du capitaine Thomas Sankara prend le pouvoir. Lors d’un autre putsch, le capitaine Sankara prend le pouvoir. Le chapelet des putschs continue de s’égrener et Blaise Compaoré renverse Sankara le 15 octobre 1987 à la faveur d’un coup d’Etat.
Blaise Compaoré est celui qui aura résisté le plus longtemps au pouvoir au Burkina Faso, un pays qu’il a gouverné pendant 27 ans d’affilée, malgré les secousses qui ont souvent ébranlé son règne : des voix discordantes au sein de l’armée ont souvent formulé des revendications aux relents de mutineries. Blaise aura aussi réussi l’exploit de se faire réélire avec des pourcentages à la Soviétique. Mais son appétit gargantuesque pour le pouvoir suprême est stoppé net le 31 octobre 2014, le jour où il est obligé de quitter le pouvoir sur la pointe des pieds, la pression de la rue étant plus forte que son vœu de modifier l’article 37 pour régner ad vitam aeternam. Le cycle chaotique se serait prolongé si Gilbert Diendéré et ses camarades d’armes avaient réussi à se maintenir à la tête du pays après le coup d’Etat du 16 septembre 2015. Heureux donc, qui comme Rock Marc Christian Kaboré a le privilège d’inaugurer le cycle démocratique au Burkina Faso. Vivement que le pays mérite enfin son nom du pays des hommes intègres !

 

Par C. Lang

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