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Centre Educatif Triso-Cœur : Un Havre d’Espoir et de Vie pour Enfants en Difficulté d’Apprentissage au Cameroun

Le centre éducatif Triso-cœur met en vitrine de nouveaux programmes pour faciliter l’éducation des enfants en difficulté d’apprentissage à Yaoundé.

Situé au quartier Mendong, lieu-dit TKC carrefour entrée prodige, le centre éducatif Triso-cœur fait partie des quelques écoles spécialisées pour enfants en difficulté d’apprentissage dans la ville de Yaoundé, capitale du Cameroun.

Créé le 21 Février 2022 par une jeune dame, au nom de Vanessa Kengne Mechin, le centre éducatif Triso-cœur a pour vocation la prise en charge les enfants nés d’une trisomie et de paralysie cérébrale. Pour un accompagnement efficient et de qualité de ces enfants en difficulté, qui très souvent développent un quotient intellectuel au fil des années, le centre éducatif Triso-cœur a une équipe de deux (2) éducatrices spécialisées, une psychomotricienne et une orthophoniste, ceci pour un total de 8 enfants à ce jour.

Le centre éducatif Triso-cœur, qui au départ est né et légalisé sous l’association du même nom, le 17 janvier 2020, a mis sur pied une gamme de programmes parmi lesquels : le  « after school », qui vise à permettre à l’enfant en difficulté d’apprentissage de mieux suivre ses encadreurs dans des écoles classiques ou inclusives.

Le programme « after school » du centre Triso-cœur qui se tient lundi, mercredi et vendredi de 14 heures à 17 heures, comprend entre autres : l’éducation spécialisée, la neuro-psychomotricité et des cours d’orthophonie à la demande des parents. Un véritable challenge pour Vanessa Kengne qui se déploie dans l’optique de voir ces enfants vivants avec un  handicap à l’école.

Efficacité des programmes

Il est 9 heures passé 30 minutes ce mardi matin lorsque nous assistons à un cours de psychomotricité. Nadège Magnie, jeune psychomotricienne formée fait une séance avec la petite Reine Elie âgée de 8 ans. Cette dernière lit les lettres de l’alphabet français.

Par la suite, la petite Reine Elie est soumise à une activité d’écriture et de reconstruction des lettres, tandis que les  éducatrices suivent très attentivement les autres enfants qui sont aussi soumis à des exercices de tri, rassemblement de bâtonnets, de construction de puzzle etc.

Les enfants du centre éducatif, qui sont  âgés de 5 à 10 ans, suivent un apprentissage qui respecte les normes d’une salle de classe en fonction des capacités des uns et des autres. Ils ont également, au quotidien, des heures de cours et des pauses sous l’œil vigilant des encadreurs au vu des différents comportements observés. 

La patience des encadreurs est exemplaire car il n’est pas facile de tenir certains enfants. Les humeurs matinales, les caprices et parfois le refus de coopérer avec les éducatrices doivent être gérées. Certains veulent repartir avec leurs parents juste pour aller dormir ou visionner la télévision à la maison.

Selon la promotrice du centre, il y a beaucoup d’enfants que les parents viennent déposer le matin et reviennent chercher le soir juste pour remplir les formalités. Elle indique que : « La plupart sont découragés ils ne croient pas à un changement, or c’est faisable. Il ya des enfants qui sont arrivés ici ils n’arrivaient pas à se socialiser avec les autres pourtant aujourd’hui ils rient et jouent ensemble. »

Elle ajoute : Nous avons, en quelques semaines, observés les comportements de chaque enfant et nous savons qu’est ce qui bloque chez chacun d’entre eux, nous savons comment chacun réagit. Beaucoup veulent juste jouer et ne veulent pas travailler, ils font montre de paresse lorsqu’ils sont soumis à des exercices parce que de retour à la maison les parents ou tuteurs ne les soumettent pas à ces exercices et bien encore il y’a le fait que certains quand ils rentrent à la maison, le parent estime qu’il doit se reposer. En réalité, c’est une éducation continuelle… »

Une cause, une passion

Vanessa Kengne, qui a le cœur dévoué à la tâche est une jeune camerounaise, la trentaine révolue, qui a dû abandonner ses études et ses rêves ainsi que plusieurs autres activités pour se consacrer à ce projet de rééducation des enfants atteints de trisomie et de paralysie cérébrale. 

Tout commence un 7 septembre dans la maternité d’un hôpital de la place, Vanessa vient d’accoucher et apprend qu’elle est maman d’une fille. Toute heureuse et éblouie, elle veut voir son enfant, cependant une infirmière lui annonce, d’un ton calme, que l’enfant a une malformation et a une trisomie.

Lorsque Vanessa découvre l’enfant, au premier regard c’est le désespoir, elle pleure et refuse d’accepter cela nous confie-t-elle lors de nos échanges. La jeune maman abandonnée à son propre sort par tous ses proches va devoir affronter les réalités de la vie. C’est au fil du temps et avec l’aide de Dieu, déclare Vanessa « qu’elle a pu surmonter et transgresser ces barrières psychologiques et morales ».

Vanessa a appris à aimer ce don reçu de Dieu. La petite Reine Elie Ndzie, âgée de 8 ans est la source de bonheur et d’inspiration de Vanessa. Grâce à Reine, elle s’est battue contre vents et marées pour mettre sur pied ce projet. 

Durant l’interview, elle nous révèle que beaucoup n’ont pas cru en elle au départ, lorsqu’elle décide de dédier sa vie à la cause des enfants atteints de trisomie. Elle a dû puiser dans ses petites économies pour créer l’association puis le centre éducatif. 

Le matériel d’apprentissage bien que coûteux et pas à la portée du citoyen lambda a été acquis au fil du temps.

La jeune Vanessa, il y a trois ans (2020) lorsqu’elle lançait ce projet, a été motivée par le fait que sa fille Reine n’avait pas une école appropriée consacrée au suivi des enfants atteints de la même pathologie. Selon Vanessa, il ya eu des situations de refus et de rejet dans des écoles dites inclusives, sa fille n’était pas admise en salle de classe. Elle a dû batailler pour que cette dernière intègre une école privée du quartier Mendong mais ce n’était pas une cause gagnée au vu du type d’enseignement. La petite Reine Elie ne se retrouvait pas avec les autres enfants. Il a fallu que Vanessa Kengne crée une école spécialisée afin d’aider sa fille et d’autres enfants en situation identique.

Cette cause devenue aujourd’hui une passion pour Vanessa est l’une de ses priorités dans toutes les activités qu’elle entreprend. Elle pense qu’il y a de l’espoir et rien n’est perdu d’avance, il suffit d’y croire. 

Elle encourage les parents à scolariser leurs enfants même si elle pense que le gouvernement doit davantage se pencher sur la question de l’éducation inclusive car les réalités du terrain sont différentes de celles qui sont visibles au quotidien.

« Les parents ne doivent pas laisser les enfants qui ont ce type  de handicap à la maison. Au contraire, c’est dès le bas âge que l’on peut encore faire quelque chose. Il y a des enfants qui retrouvent l’usage des mots lorsqu’ils sont bien suivis. » dit-elle.

Cependant, Vanessa Kengne espère que le gouvernement via le Ministère des Affaires Sociales et même les personnes de bonne volonté pourront se joindre à cette noble cause afin d’aider les enfants qui sont atteints de ces types de handicaps.

Grâce à l’ouverture du centre éducatif triso-cœur des progrès significatifs ont été observés chez bon nombre d’enfants qui ont été soumis à l’apprentissage. Des parents ont été satisfaits et sont plus que jamais rassurés du rôle prépondérant que peuvent jouer leurs progénitures dans le futur en ce qui concerne le développement de la société.

Un enfant atteint de trisomie ou qui est affecté par une paralysie cérébrale n’est pas un « sorcier » comme nos sociétés africaines le clament. Ce sont des enfants nés avec des malformations et qui ne sont pas à laisser pour compte, leur scolarisation est un véritable défi pour l’atteinte des objectifs de développement durable.

Comprendre la Trisomie 21

La trisomie 21, aussi appelée syndrome de Down, est un état chromosomique congénital provoqué par la présence d’un chromosome supplémentaire à la 21e paire. Les personnes ayant la trisomie 21 présentent des signes cliniques distincts, un retard cognitif et des caractéristiques morphologiques et physiologiques particulières. Toutefois, ces éléments sont variables d’une personne à l’autre. 

L’incidence de natalité est d’environ 1 cas pour 770 naissances vivantes dans la population générale. Elle croît avec l’âge maternel.

C’est le Dr Édouard Séguin qui, le premier, identifie les caractéristiques des personnes ayant la trisomie 21, au milieu du XIXe siècle. Quelques années plus tard, le Dr John Langdon Haydon Down précise davantage ces caractéristiques et, dès lors, on utilisera l’appellation « Syndrome de Down » pour désigner les personnes concernées. Enfin, c’est en 1959 que le professeur Jérôme Lejeune, Dre Marthe Gauthier et Raymond Turpin établissent le lien entre les caractéristiques observées chez les personnes ayant le syndrome et une anomalie chromosomique.

Le syndrome de Down ou trisomie 21 n’est généralement pas héréditaire et est causé par la présence d’un chromosome surnuméraire à la 21e paire. Les personnes ayant la trisomie 21 ont donc 47 chromosomes dans une cellule plutôt que 46.

Elise Kenimbeni

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