SciLife et le Remapsen en collaboration avec WWF Cameroun ont organisé le samedi 19 Octobre 2024 à Yaoundé, un café-science pour outiller les journalistes sur le sujet.
Près de vingt journalistes ont été réunis le Samedi, 19 Octobre 2024, à Yaoundé, Cameroun au cours d’une session d’information dénommée « café-science ».
Ce café-science qui est une rencontre traditionnelle de « brainstorming » entre journalistes scientifiques et Experts était organisé par l’Association des journalistes scientifiques du Cameroun connue sous l’appellation de SciLife et le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et l’Environnement (Remapsen) en collaboration avec le Fonds Mondial pour la Nature, WWF.
Cette session d’informations et d’échanges a permis de mettre en vitrine le 15e rapport de la planète vivante de WWF publié le 10 octobre 2024.
Dans ce document, les pays du Bassin du Congo sont appelés à lutter contre la biodiversité et les changements climatiques. Et pour y parvenir, ces pays doivent négocier auprès des partenaires pour avoir plus de financements.
D’après ce rapport de la planète vivante publié tous les deux ans par le WWF, l’état de la biodiversité depuis les 50 dernières années (1970 et 2020) est alarmant. Il se traduit par une perte accrue de la biodiversité de l’ordre de 73% en ce qui concerne les populations de la faune sauvage.
Prenant la parole, Alain Bertrand Ononino, Directeur National de WWF Cameroun, a souligné quelques points essentiels de ce document.
Il a indiqué que la planète est en train de s’approcher de manière inexorable vers les points de basculement. « Les points de basculement sont à peu près comme les points de non-retour. Deux régions dans le monde ont été identifiées à savoir les forêts d’Amazonie qui ont déjà atteint un taux de déforestation de l’ordre de 17% et le point de basculement pour ces forêts-là se situe entre 20 et 25%. Lorsque ce point de basculement aurait été atteint alors ces forêts qui sont aujourd’hui les piles de carbones c’est-à-dire elles servent à absorber les émissions de gaz à effet de serre, deviendront donc des sources elles-mêmes d’émission de carbone. »
Dans ses propos, il a également souligné le fait que le Bassin du Congo n’est pas en reste. Il subit lui aussi des crises environnementales. Ainsi, ces pays issus dudit bassin ressentent déjà les effets dévastateurs de changements climatiques que sont les sécheresses, les tempêtes, les inondations et bien d’autres. Par exemple au Cameroun, les paysans voient leurs récoltes diminuées. Car, le calendrier des saisons jadis connu de tous est désormais instable. Une situation qui peut provoquer une insécurité alimentaire.
Les populations vivant dans les zones côtières sont menacées du fait de la montée des eaux. Les maladies émergentes sont aussi perceptibles.
Selon Jonas Kemajou Syapze, Expert financement climatique à WWF Cameroun les pays du Bassin du Congo ont une ressource extrêmement importante que sont les forêts.
Il dit : « Les pays du Bassin du Congo ont une ressource extrêmement importante que sont les forêts. Ces forêts sont les régulateurs du climat mondial, le réservoir de la biodiversité mais également ces forêts fournissent des services écosystémiques non seulement pour nos propres pays mais également pour le monde entier. »
Il ajoute que malgré leurs rôles capitaux dans la planète, ces pays ne bénéficient pas d’autant de financements.
« Il est question de tirer le constat selon lequel de la période de 2017 à 2021, ces pays du bassin du Congo n’ont reçu que 4% des financements par rapport au bassin de l’Amazonie et au bassin du Bornéo-Mékong », déplore l’expert.
« Il faut que cette tendance change afin que nous puissions être davantage rémunérés de ces services que le Bassin du Congo rende à la planète toute entière », renchérit le Directeur National de WWF Cameroun.
A cette allure, il est difficile pour les pays du Bassin du Congo de prendre en charge leurs populations lors des effets néfastes de changements climatiques comme les autres pays.
D’où l’impératif d’asseoir une bonne stratégie de négociation avec les partenaires lors des différents colloques internationaux. « Il est important de mettre en avant le rôle que le Bassin du Congo joue comme régulateur du climat, et que les pays du Bassin du Congo qui hébergent ces forêts puissent avoir un meilleur accès à la finance climatique. Il est important également pour ces pays-là de s’organiser de manière concertée. C’est la raison pour laquelle WWF appuie cette initiative sur les flux financiers internationaux en partenariat avec la COMIFAC afin de pouvoir accompagner les pays du Bassin du Congo lors des négociations climatiques lors de la Cop16 à Khalil sur le climat et la Cop21 en Azerbaïdjan sur la biodiversité », relève Monsieur Ononino Alain Bertrand.
Contrairement aux deux autres bassins tropicaux du monde, l’Amazonie et du Bornéo-Mékong, le Bassin du Congo a un taux de déforestation très bas. Il varie entre 0,01 à 0,33%. Du coup, un autre moyen de financement peut être initié.
L’optique est « de faire en sorte que ces forêts à haute intégrité puissent générer des financements pour permettre sa protection, mais aussi pour permettre de financer la transition pour une économie verte et l’amélioration des conditions socioéconomiques des populations, des communautés locales et les peuples autochtones qui vivent tout autour ces zones de forêts à haute intégrité », souligne Jonas Kemajou Syapze.
En rappel, le Bassin du Congo s’étend sur six pays : le Cameroun, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, la République du Congo, la Guinée équatoriale et le Gabon.
Ayouba Nsangou