La nouvelle monnaie qui remplace le francs CFA en Afrique de l’Ouest peine à convaincre les populations de l’espace francophone quant à sa souveraineté.
C’est assurément le fait économique de la fin d’année 2019 en Afrique subsaharienne francophone. C’est à la faveur de la visite officielle du président français Emmanuel Macron à Abidjan en Côte d’Ivoire que la nouvelle du retrait du Francs CFA a retentit sans véritable surprise car les nouvelles dans ce sens avaient alimenté les colonnes des journaux locaux depuis de long mois en Afrique de l’Ouest. L’ECO fait donc surface à l’annonce de Alassane Dramane Ouattara le Président Ivoirien. Sourire en coin le Chef de l’Etat français acquiesce comme sans coup férir sur un projet dont les termes et accords préparés à l’avance semblent conforter Paris et Abidjan qui filent le « parfait amour ».
Mais ce bal des « amoureux » est vite tiré de sa torpeur « voulue » par une flopée de critiques virulentes. Cette monnaie est garantie par la France en terme de stabilité et de convertibilité le même stratagème qui a toujours sous tendu le Francs CFA. La réforme annoncée indique que « le compte d’opération au trésor français sera fermé, que la BCEAO pourra désormais placer ses devises ou bon lui semble et que les derniers représentants français dans les instances de la Banque centrale en question se retireront entre autres… »Mais la parité fixe avec l’EURO laissent dubitatifs un certain nombre d’observateurs africains qui y voient une manœuvre de la France qui dans les enjeux monétaires défend ses intérêts en respect des réalités et logiques des relations internationales qui débouchent sur l’assertion « les Etats n’ont que des intérêts ».
Parmi les questions en suspend il y a la position des pays comme le Nigeria, le Ghana ou la Gambie qui ont leur propre monnaie depuis des décennies et qui montrent toute leur réticence devant cette chevauchée presque solitaire de la Cote d’Ivoire et probablement avec les sept autres pays de l’Union Monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA).Un conflit est vite venu dans le cadre de la CEDEAO ,qui est élargie au Nigeria et au Ghana soit un total de 15 Pays, ou l’idée d’une monnaie unique semble perdre tout son sens devant le choix de la Cote d’ivoire de jouer du violon avec Paris sans prendre définitivement langue avec les aspirations de toute une sous-région qui pensait à une monnaie unique exempt de tout contrôle de la France.
Mais la rien n’y fait la Cote d’Ivoire est allé vite en besogne si on en croit l’analyse très critique du Professeur chercheur et juriste Illy Ousséni qui ajoute que la CEDEAO est très loin de cautionner la nouvelle monnaie qui porte le même nom que L’ECO crée par la CEDEAO. La nouvelle monnaie a ainsi un coté Ange et un coté démon.
Dans la zone de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale cette nouvelle n’est pas une sinécure, la zone Cemac compte plutôt garder le Francs CFA et désormais battre sa propre monnaie tout en se débarrassant du tutorat français. Mythe ou réalité ? Seul l’avenir fixera la sous-région Afrique Centrale qui prend du temps pour mieux envisager son choix. Pendant ce temps L’ECO entrera en vigueur en 2020.
Par Jean Patient Tsala