C’est à travers une lettre datée du 05 avril 2024 et adressée au Directeur Général de la Socapalm, que l’association des femmes riveraines s’est exprimée.
Le 05 avril 2024, l’association des femmes riveraines de la SOCAPALM Edea (AFRISE) à travers sa présidente, a adressé une lettre au Directeur Général de la SOCAPALM Edea afin d’exprimer le ras-le-bol de toutes les riveraines, ceci au vu des multiples exactions qui se vivent dans la zone, notamment avec l’épineux problème du replanting.
Dans cette correspondance rendue publique, les membres de l’AFRISE indiquent ceci :
« Monsieur le Directeur Général, nous, femmes riveraines d’Edéa, sommes indignées. » Nous nous sentons trahies. À travers cette lettre ouverte, nous prenons à témoin l’opinion nationale et internationale. En effet, en date du 23 décembre 2023, nous avons répondu à votre invitation relative à « une causerie familiale sur la paix entre AFRISE et la SOCAPALM ». Lors de cette réunion, Monsieur le Directeur Général, vous avez pris note de nos revendications et vous vous êtes engagé à venir personnellement sur le terrain pour régler la situation. Seulement, à notre grande surprise, au lieu de la visite annoncée, notre chef de village nous a transmis une correspondance (Réf : 041/24/MAO/NSJ/BDMN du 19 mars 2024) de votre Directeur de plantation à Edéa adressée à M. le sous-préfet d’Edéa 1er par laquelle il l’informe qu’il reprendra les activités de replanting au début du mois d’avril 2024 sur un site dont il affirme avoir la propriété… Cette correspondance nous plonge dans l’incompréhension la plus totale, car les activités de replanting de la SOCAPALM sont la cause de la plupart des nombreux problèmes que nous avions exprimés devant vous en 2023. C‘est la raison pour laquelle nous sentons trahies. À titre de rappel, ce replanting est simplement une façon de nous priver, nous et nos familles, des espaces vitaux conséquents dont nous dépendons. »
Elles ont indiqué aussi : « Si, après l’avoir fait derrière nos cases, vous recommencez à planter des centaines de milliers d’hectares de palmiers à huile juste devant nos maisons, nous pouvons vous garantir que la paix que nous appelons tous et vivement de nos vœux sera définitivement compromise ».
Les riveraines ont souligné le fait que ce replanting est une violation de leurs droits au vu des termes du bail emphytéotique qui lie la SOCAPALM à l’État du Cameroun.
« Toujours à titre de rappel, Monsieur le Directeur, ce replanting est une violation des termes du bail emphytéotique qui vous lie à l’État du Cameroun, notamment l’article 6 alinéa b, intitulé obligation du repreneur, qui interdit tout replanting sur les parcelles d’une superficie de 250 ha, situées autour des communautés villageoises sans qu’au préalable, l’administration compétente ait soustrait toute parcelle repartie comme espace vital. » Des parcelles qui doivent être définies par l’administration et le receveur dans l’intérêt de la communauté bénéficiaire.
L’AFRISE dans cette nouvelle correspondance souligne les nombreux abus et violations dont elle est victime.
« Monsieur le Directeur Général, nous vous rappelons que nous sommes des femmes rurales. » Et, depuis plus de 40 ans, vous avez confisqué toutes nos ressources qui sont les principaux moyens de vie, et ce, sans aucune compensation. Vous vous etes acapares de : nos terres ou sont cultives des vivres pour nourrir nos familles, vendre le surplus pour faire face a l’education de nos enfants et a nos soins de santee ; nos forets ou nous cueillons des produits forestiers non ligneux que nous transformons et vendons pour avoir un revenu, des medicaments et d’autres moyens de vie ; nos cours d’eau ou nous pechions du poisson pour notre alimentation et pour la vente ; l’air que nous respirons qui est aujourdhui pollue du fait de votre action ;des sepulcres de nos parents ou nous ne pouvons y acceder ; notre environnement qui nous offre un quotidien de mouches et de moucherons.
Ces riveraines et qui en majorité subissent des traitements inhumains sont pour la plupart obligées de se compromettre pour survivre. Elles ont également mis en exergue ces faits qui entravent leur vécu une fois de plus dans cette correspondance.
« Privées de la dignité que vous nous avez arrachée, nous sommes obligées de nous compromettre pour survivre avec nos familles. » Privées de notre liberté, nous et nos familles sommes interdites de circuler librement sur notre territoire à cause des multiples barrières que vous erigez et des tranchées de 4 m sur 4 que vous avez creusées tout autour de nos cases. « Nous ne pouvons pas mener des activités économiques dans de telles conditions, ce d’autant plus que vous détruirez systématiquement nos unités de production d’huile de palme alors que nous avons le droit de transformer les noix issues de nos plantations villageoises. »
Cette lettre de trois pages adressée au Directeur General de la SOCAPALM met également en vitrine les nombreuses initiatives qui auraient dû être mises sur pied par l’entreprise depuis des années et qui jusqu’ici n’ont jamais été faites.
Les membres de l’AFRISE demandent au Directeur General de la SOCAPALM ce que la structure a eu à entreprendre. Quelles sont les réalisations palpables ? Ceci parce que les riveraines manquent de tout, notamment des nécessités de base.
Et c’est avec amertume et colère que celles-ci ont appelé le Directeur Général à surseoir sur le projet de replanting qui a été programmé pour le mois en cours (avril) et à l’honorer au rendez-vous pris avec les riveraines pour que la paix reigne.
Il faut dire que l’AFRISE qui ne sait plus à quel saint se vouer, ne cesse de se battre pour la protection de la nature, des terres de leurs aïeux et des populations de ces zones, qui vivent depuis des années le matyre du fait de l’implantation de la SOCAPALM qui ne respecte pas son cahier des charges.
Timesnews2.info