Une trentaine d’organisations de la société civile qui militent en faveur des droits humains au Cameroun ont été conviées à prendre part à un atelier de deux jours organisé par l’ONG Horizons Femmes et « Search for Common Ground (Search) ».

Photo credit: Horizons Femmes

 Évaluer les besoins et capacités des OSC et des plateformes pour renforcer leur rôle dans le suivi et la mise en œuvre des recommandations de l’évaluation périodique universel (EPU) au Cameroun. Tel était l’objectif principal de l’atelier d’évaluation des besoins et des capacités des organisations de la société civile (OSC) et des plateformes dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre des recommandations de l’EPU 2023.

L’atelier qui a regroupé une trentaine de participants venus des dix régions du pays s’est tenu du 13 au 15 septembre 2025 à Yaoundé, ceci dans le cadre du projet dénommé : « Contribuer au renforcement du dialogue entre la société civile et le gouvernement pour la progression des droits humains au Cameroun ».

 Comprendre les enjeux de l’atelier

 Lors de son 4ème Examen Périodique Universel (EPU), le 14 novembre 2023, le Cameroun a reçu 291 recommandations, dont il a accepté 220 en février 2024 et rejeté 71, invoquant des réalités culturelles et politiques.

Les recommandations acceptées concernent principalement la mise en œuvre des droits de l’homme mais couvrent des domaines variés, notamment la protection des populations vulnérables, l’amélioration des conditions de travail et la promotion de l’égalité des sexes. 

Après les consultations, le Comité interministériel de suivi de la mise en œuvre des recommandations s’est réuni en février 2024. Le Cameroun s’est engagé à mettre en œuvre les recommandations acceptées. Un atelier national sur le suivi de ces recommandations a eu lieu en août 2024.

Plusieurs OSC et partenaires poursuivent sur le terrain le suivi afin d’être mieux outillés lors du prochain passage du Cameroun.

Il était donc question d’identifier des axes majeurs qui pourraient aider le gouvernement dans l’amélioration de la documentation liée aux droits humains. Et c’est pour cette raison que l’ONG Horizons Femmes et « Search for Common Ground (Search) » accompagnent les organisations de la société civile (OSC) pour renforcer leurs capacités de plaidoyer, de suivi et de mise en œuvre des recommandations issues de l’Examen Périodique Universel (EPU) de 2023.

Le suivi de ces recommandations requiert une société civile structurée, compétente et capable de documenter de manière impartiale et sensible aux conflits la situation des droits humains. Cependant, les OSC et plateformes font face à des défis liés à la gestion organisationnelle, à la gouvernance interne, à la communication, au plaidoyer et à l’intégration des perspectives de genre et de jeunesse.

Mobilisation des ressources financières

Lors de son interview, le responsable suivi-évaluation à l’ONG Horizons Femmes, Armand Tick Ndewe, a salué la qualité des échanges avec les participants ainsi que leur dévouement dans le partage d’expériences.

 Armand Tick Ndewe dit : Chaque organisation a présenté ses succès, ses échecs et même ses faiblesses. Et nous sommes partis de là pour identifier les axes prioritaires de renforcement de leurs capacités. Nous avons profité de l’atelier aussi avec la présence de la Commission des droits de l’homme. On a présenté les recommandations de l’examen périodique universel parce que le projet prévoit également des micro subventions à ces OSC pour l’implémentation des actions en faveur du suivi de la mise en œuvre des recommandations que l’État du Cameroun a acceptées. Je dirais que globalement, nous avons observé que la plupart des organisations sont fortes. Elles existent avec beaucoup de force. Mais les lacunes que nous avons observées ont permis d’identifier quelques axes prioritaires de renforcement qui passent par l’appui à la mobilisation des ressources financières, le renforcement des capacités en matière de suivi et d’évaluation des activités qui sont menées et même dans le domaine du suivi, de l’évaluation et de l’apprentissage. Il faut aussi un petit appui sur l’organisation et la structuration de ces OSC et plateformes.

 A travers cet atelier qui, au finish a été décrit par certains participants comme un séminaire de formation et même une véritable rencontre de « brainstorming », il était également question de véhiculer un message clé, celui du rôle que jouent les organisations de la société civile aux cotes du gouvernement et l’Etat en général pour la mise en œuvre de certaines réformes et lois.

 Monsieur Tick Ndewe Armand ajoute : « Le message que nous avons passé et que nous continuons à passer aux autres OSC, c’est que les organisations et la société civile viennent en contribution à ce que font l’État et le gouvernement. Et pour le faire, il faut être constitué en véritable organisation, en véritable institution. C’est pour ça qu’il faut apporter beaucoup d’importance à son renforcement. Donc, le diagnostic que nous avons pu avoir ici permet justement d’améliorer la situation de ces organisations en tant qu’institutions. Et quand cela sera véritablement achevé, elles seront prêtes pour dialoguer avec le gouvernement en faveur de la mise en œuvre des recommandations issues de l’EPU. »

Parmi les participants rencontrés, il y’avait deux responsables des OSC qui militent en faveur des droits des femmes dans les régions de l’Extrême-Nord et du Littoral du Cameroun.

 D’après Eric Penda, président de l’association « ONE » basée à Mora, dans le département du Mayo Sava, région de l’Extrême-Nord, ce cadre de concertation a permis de mettre en vitrine les différents problèmes auxquels font face certaines organisations à base communautaires qui souhaitent davantage élargir leurs actions et activités sur le terrain.

Dans ces propos, Eric Penda dit : « Dans le cas d’espèce, on a, par exemple, la lenteur au niveau de la gestion des plaintes en lien avec les violences faites aux femmes. Vous voyez, une jeune dame a été violée et il faut parfois un an, deux ans pour que la décision de justice soit rendue. En tout temps, elle peut subir des fraudes dans la communauté et peut-être même être attrapée, tombée malade sous le plan de la santé mentale. Nous, dans le cas d’espèce, on va, par exemple, plaider pour qu’une action spécifique soit menée vis-à-vis des femmes qui ont des plaintes qui sont déposées auprès de la chaîne judiciaire en matière de Violences Basées sur le Genre (VBG). En faisant cela, on aura accéléré le respect d’un certain nombre de droits à l’égard de la femme ou de la fille. Nous, de manière concertée, on va travailler pour accompagner l’État afin que les recommandations soient vraiment prises en compte et que les communautés soient aussi informées de ce qui se passe et accompagnent l’État à respecter ces recommandations. »

Un autre participant venu de la ville de Nkongsamba, dans la région du Littoral, Hyacinthe Douma, responsable des programmes de Dynamic Femmes, a souligné le fait que ce sont les OSC qui connaissent mieux les réalités que vivent les populations.

Il a martelé le fait que cet atelier est important au vu du fait qu’il va davantage aider à capitaliser les différentes recommandations et à identifier les défis qui entravent la mise en œuvre sur le terrain de ces recommandations de l’EPU 2023.

Quelques recommandations clés acceptées par le Cameroun

Les recommandations acceptées par le Cameroun portent sur des domaines variés tels que :

  • Les droits des femmes: accentuer la sensibilisation des femmes sur leurs droits et les recours disponibles en cas de violation, ainsi que la mise en place d’une loi sur les violences basées sur le genre et un code de la famille. Un point sur lequel Horizons Femmes et ses partenaires ont centré leurs activités.
  • La protection des populations vulnérables: des politiques publiques pour favoriser l’inclusion socioéconomique des migrants et réfugiés, et l’éradication du travail et du mariage des enfants.
  • Les conditions de détention: des améliorations sont prévues, bien que le rapport de 2023 se concentre sur des recommandations acceptées ou rejetées plutôt que sur des états des lieux spécifiques.
  • La lutte contre l’impunité: la garantie que le droit ne soit pas utilisé pour violer les droits de l’homme, y compris la question de l’application de la peine de mort.
  • La liberté de la presse et la protection des journalistes: la liberté de presse a été un point de vigilance des années précédentes, avec un engagement pour des améliorations.

 

Elise Kenimbeni

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