Vendredi 21 novembre 2025, une délégation d’Horizons Femmes était sur le terrain pour la sensibilisation des populations du village Endingding, commune d’Obala, dans le département de la région du Centre.

Edingding, village et chefferie supérieure située dans la commune d’Obala, au sein du département de la Lékié, dans la région du Centre au Cameroun, était sous le feu des projecteurs le vendredi 21 novembre 2025.
Les communautés comme cœur de cible
Connu comme un groupement traditionnel de premier degré, le village Endinding, qui porte également le nom de la chefferie supérieure, dirigée par Sa Majesté, Pr. Tsala Ndzomo Guy, qui est par ailleurs président du conseil national des chefs traditionnels du Cameroun.
Ce groupement de plus de 7500 habitants a été ciblé par l’ONG Horizons Femmes dans le cadre de la poursuite de son projet « Femmes et Foncier » sur le terrain.
Dans le cadre du lancement du forum de gouvernance des chefferies en faveur de la protection et de la défense des droits fonciers des femmes, l’ONG Horizons Femmes a organisé le vendredi 21 novembre 2025, dans la grande cour de la chefferie supérieure d’Edingding une rencontre d’information et de sensibilisation sur le sujet.
Y ont pris part aux assisses, les différents chefs traditionnels des villages que compte le groupement d’Endingding, les populations et la grande délégation d’Horizons Femmes.

Chantal Ngo Sende, responsable de projet a Horizons Femmes a dévoilé les grandes lignes de la rencontre et l’objectif principal afin d’outiller les différents participants venus nombreux s’abreuver des connaissances en terme de foncier mais surtout en terme des droits des femmes dans l’héritage foncière.
Sensibilisation communautaire pour un impact positif
Prenant la parole dans un premier temps pour accueillir la délégation d’Horizons Femmes, Sa Majesté, Tsala Ndzomo Guy, chef supérieur d’Edingding, a apprécié le choix fait par les équipes d’Horizons Femmes de son groupement, qui est en ce moment dans le besoin, au vu de l’importance des questions foncières, une réalité au quotidien.
À son tour, Carole Toche, Directrice des programmes à Horizons Femmes, par ailleurs représentante de la Directrice Exécutive, a été invitée pour son discours de circonstance.
La porte-parole de Madame Ngatchou Denise a tout d’abord souligné l’importance de ladite rencontre, qui se tient également dans d’autres parties du pays, notamment dans les régions où le projet a été mis sur pied avec l’appui technique et financier de l’African Women’s Development Fund (AWDF).
« Ce projet s’inscrit dans la continuité de notre engagement stratégique en faveur de la promotion des droits fonciers des femmes et des veuves, et plus largement dans notre Axe stratégique n° 3, qui vise l’autonomisation des femmes et des jeunes filles à travers la réduction de la pauvreté, la promotion de la sécurité alimentaire et le développement de l’économie solidaire. Malgré leur contribution essentielle à l’agriculture, à l’élevage et à la gestion des ressources naturelles, les femmes camerounaises demeurent massivement marginalisées dans l’accès à la propriété foncière. Ce paradoxe, où celles qui travaillent et entretiennent la terre n’en sont que rarement propriétaires, constitue une des injustices les plus persistantes et les plus invisibles de nos sociétés. » a-t-elle indiqué à l’assistance présente à la rencontre.
Pour faire un bilan des acquis de ce projet qui est déjà dans sa phase deux, la Directrice des programmes d’Horizons Femmes a souligné qu’ils ont capitalisé un nombre important d’actions menées jusqu’à ici.
Carole Toche a martelé le fait que l’ONG grâce à ce projet rénovateur a pu former déjà plus de 100 acteurs communautaires, parmi lesquels des para-juristes et des femmes leaders, pour soutenir la sensibilisation et le plaidoyer au niveau local.

La Directrice des Programmes dit également qu’ils ont pu sensibiliser ; plus de 3 000 personnes, dont 2 074 femmes, à travers des causeries éducatives et des rencontres communautaires.
Elle ajoute que l’ONG à travers ce projet a tenu des séances de plaidoyer auprès des Sous-Préfets et des Chefs traditionnels, pour lever les barrières identifiées et faciliter l’accès des femmes à la terre, et à faciliter dans l’accompagnement technique et financier de près de 300 femmes dans leurs démarches d’obtention de titres fonciers, dont une centaine a déjà pu les obtenir.

Tel que relevé précédemment au cours des dernières séances de travail et de sensibilisation a grande échelles dans les régions et départements qui portent ce projet, le top management de l’ONG a accentue son plaidoyer sur l’égalité de genre, et a insisté sur la lutte contre la stigmatisation et la discrimination des filles et femmes qui sont pour la plupart mise en retrait dans le cadre du partage des biens notamment des terres ou celles-ci ont les mêmes droits que leurs frères et les hommes.
Elle dit : « Face à ces enjeux, nous appelons l’ensemble des parties prenantes ici présentes à une mobilisation accrue et coordonnée. Nos principales attentes sont les suivantes : un renforcement de l’engagement politique, par des prises de position claires et un appui visible aux initiatives favorisant l’accès équitable des femmes à la terre ; un appui actif aux campagnes de sensibilisation, en facilitant l’accès à l’information, aux documents juridiques, et aux mécanismes d’appui existants ; la simplification des procédures administratives et la réduction des coûts d’accès au titre foncier, notamment pour les femmes en situation de vulnérabilité ; un partenariat renforcé avec les autorités traditionnelles et religieuses, dont l’influence est cruciale dans la transformation des normes et des pratiques sociales ; et la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation partagés, pour garantir une transparence et une efficacité accrues dans la mise en œuvre des engagements.
Palper les réalités du terrain
Durant plus de deux heures de temps, il a été question d’outiller les populations du groupement d’Edingding sur la nécessité de connaitre leurs droits en matière du foncier, et de ne pas botter en touche les femmes et jeunes filles qui sont également concernées par l’héritage ou encore les femmes veuves dont les maris décèdent et laissent des terres à gérer pour leurs enfants.

Les interventions qui se sont fait en français et langue locale, qui est l’Eton, ont permis à ce que certaines femmes présentes à la rencontre mettent en exergue ce mal qui est très profond.
Il y a eu le cas d’une dame qui a fait part de comment elle a été roulée par son frère, qui est allé vendre leur terrain familial à leur insu.
À la fin des assises qui ont permis de toucher du doigt les réalités que vivent plusieurs populations notamment les femmes qui sont les plus stigmatisées en famille, il en ressort que le chef reste la courroie de transmission des populations avec l’État. Il est important de se référer aux autorités locales avant toute tentative de procédure judiciaire.
Sa Majesté, Tsala Ndzomo Guy a d’ailleurs confié aux médias qu’il est satisfait du déroulement de la rencontre car elle a permis de faire comprendre aux populations que les chefs traditionnels ont un rôle clé à jouer en matière de litiges fonciers.

Sa Majesté a souligné que :« Au terme des travaux de cet atelier de sensibilisation, je peux dire que j’étais agréablement surpris par la participation très active tant des femmes que des chefs traditionnels à travers les questions qui ont été posées qui mettaient en exergue précisément les problèmes qu’elles rencontrent pour accéder au foncier, particulièrement dans leurs familles d’origine. Les réponses ont été données et des recommandations faites. Il a été en particulier demandé aux chefs traditionnels de sensibiliser au sein des communautés dont ils ont la charge qu’il est important que dans chaque famille en matière de partage de l’héritage foncier de tenir compte des filles, même si celles-ci sont allées en mariage, même si elles ne sont pas physiquement présentes dans la famille, que lorsque les garçons occupent les terres, ils doivent penser qu’il faille réserver à ces filles la part qui leur revient, c’est ce que prévoit le droit. Voilà la principale recommandation qui me paraît très importante et je suis heureux d’avoir pris part à cet atelier. Je suis content que l’ONG Horizon Femmes ait rendu visite aux chefs traditionnels de mon groupe, mon groupe de femmes, et que ceci ait été sensibilisé à cette communauté. »

En ce qui concerne les prochaines sur le terrain, Pr. Tsala Ndzomo Guy a indiqué que le travail va s’étendre davantage dans les communautés.
Il dit : « C’est pour ça que j’insiste en disant que la cible de cet atelier était les chefs traditionnels. Ils ont reçu le message et ils ont pour mission, pour mandat de sensibiliser au sein de leur communauté, puisque c’est eux qui sont directement en contact avec les familles, avec les populations, de la nécessité de tenir compte des filles dans le partage de l’héritage foncier dans chaque famille, pour anticiper les conflits qui éclatent entre ces filles quand elles reviennent et les garçons… »

Cette campagne de sensibilisation qui s’étend dans les chefferies traditionnelles du Centre, de l’Ouest, du Sud et du Littoral, plus précisément dans les départements qui sont ciblés par le projet « Femmes et Foncier », a pour but de faire davantage large écho auprès des populations, femmes et jeunes filles, très peu informées sur leurs droits.
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