C’était au cours d’une cérémonie organisée le 10 décembre 2025 à Batchenga sous le thème : « Droits de l’Homme, notre essentiel tous les jours ».

Placée sous le thème : « Droits de l’Homme, notre essentiel tous les jours », les activités marquant la journée internationale des droits de l’homme, édition 2025 se sont tenues le mercredi, 10 décembre à Batchenga, arrondissement du département de la Lekié dans la région du Centre.

Protection des communautés vulnérables

Au cours de la cérémonie qui a duré plus d’une heure et trente minutes, plusieurs sujets étaient en vitrine, notamment ceux sur la réforme foncière et les besoins des communautés constituées de femmes, jeunes, pêcheurs et producteurs.

La cérémonie a été ouverte par Anatole Souga, Maire de la commune, qui a exprimé sa joie de voir le Représentant Régional du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et Directeur du Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC), et toute une grande délégation des experts venus de Yaoundé pour célébrer avec ses populations cette journée dédiée a la protection des droits des personnes dans toutes leurs entités.

Anatole Souga a indiqué que Batchenga est un arrondissement qui à ce jour accueille plusieurs projets de développement et qui en retour ont des impacts environnementaux sur les populations.

Dans sa prise de parole, Nouhoum Sangaré, Représentant Régional du Haut-Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme (HCDH) et Directeur du Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC), a saisi l’opportunité pour rappeler l’importance de protéger les communautés vulnérables et d’agir concrètement pour assurer la dignité et la justice pour tous, dans une société qui se veut prospère.

Le patron du CNUDHD-AC a insisté sur le fait que cette célébration est une occasion pour les différents acteurs et le gouvernement afin de mettre sur la table les problèmes socio-économiques que rencontrent les populations de ces parties du pays en termes de violations des droits.

Nouhoum Sangaré : « Nous avons mis cette occasion à profit pour nous interroger ensemble  sur le thème de cette année de la Journée internationale des Droits de l’Homme, les droits de l’homme, notre essentiel de tous les jours, qui recouvre une symbolique importance en termes de messages (2:33) qui envoient les droits de l’homme au cœur de tout, y compris les questions du développement local, les questions de gouvernance foncière, les questions d’investissement, de réalisation d’infrastructures et de projets importants de développement. Batchenga, ici, nous a permis de préparer la journée d’aujourd’hui et surtout aujourd’hui d’échanger utilement, de façon ouverte et de façon constructive sur tout ce qui a été observé ici autour des questions foncières et tout ce qui a été observé ici autour de la réalisation du barrage de Natchigal. Un ouvrage important, hydroélectrique, avec tout ce qui a pu être prévu et réalisé, y compris en termes d’élimination et de réponse aux impacts socio-économiques. Nous avons vu des réalisations importantes, une école, des points d’eau. Nous avons vu aussi un certain nombre de défis qui subsistent. L’économie locale qui était notamment liée à l’activité des extracteurs du sable dans le lit du Sénégal et des pêcheurs aussi. Tout l’écosystème qui était lié à ces activités économiques importantes ou quelque chose a été bien évidemment fait pour essayer de minimiser les impacts du barrage. Mais nous voyons qu’il existe encore plus à faire. »

Il ajoute que : « La célébration de la Journée internationale de cette année a permis d’avoir tous les acteurs autour de ces questions-là et d’avoir des discussions, des échanges et surtout de prendre des résolutions pour l’avenir, pour continuer à matérialiser ce qui peut être considéré déjà comme étant un engagement fort et à saluer le gouvernement du Cameroun qui a pris la résolution de se doter d’un plan d’action national sur les entreprises et les droits de l’homme. Ce plan d’action national qui sera tout un chapitre dans le cadre du plan d’action national des droits de l’homme du Cameroun est en élaboration depuis l’année dernière et permettra de faire en sorte que l’activité économique, l’activité des entreprises, les investissements dans des secteurs importants du développement du pays puissent se faire en prenant en compte un certain nombre d’exigences, de paramètres, les impacts économiques, sociaux, environnementaux. »

 Prenant la parole à son tour, le président de l’association des chefs traditionnels de Batchenga, Sa Majesté Bruno Bikele Ambomo, a souligné les nombreuses doléances des différents leaders traditionnels, issues de la rencontre du 5 décembre dernier. Et il a souhaité que le centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et de la démocratie en Afrique centrale puisse les épauler dans leur plaidoyer d’indemnisation de leurs terres prises du fait de la mise en place de certains grands projets.

Cette cérémonie de célébration était aussi l’occasion pour les différentes parties prenantes d’échanger sur la réforme foncière.

Le chef de la cellule de la coopération au ministère des domaines, du cadastre et des affaires foncières a entretenu les participants sur ce sujet au vu de la situation qui se vit sur le terrain.

Palper les réalités du terrain

Bien avant la cérémonie proprement dite, le Directeur du CNUDHD-AC, une délégation des chefs traditionnels et des représentants de quelques ministères ont fait une descente sur le terrain, précisément au village Ndji, dans cet arrondissement qui abrite plus de 9 000 personnes selon les statistiques de 2005.

Cette descente de terrain effectuée sur plus de cinq sites, qui étaient une maison de famille, l’école primaire de Ndji, le marché, la carrière Atangana et la chefferie d’Olembe, avait pour but de palper les réalités en matière de droits humains que vivent les communautés impactées par certains grands projets menés par des entreprises.

Aux sorties de la rencontre le représentant du ministère des domaines, du cadastre et des affaires foncières, Yvan Tamba a également saisi l’occasion pour souligner aux médias que la rencontre a permis de toucher du doigt des véritables problématiques auxquels les populations sont confrontées au quotidien.

Monsieur Tamba dit : « Nous sommes allés sur le terrain, on a visité quelques projets et ça nous a donné l’occasion d’avoir une idée de comment vivent les populations et tout. Et je puisse vous rassurer qu’en ce qui concerne le ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, sous l’égide du Dr Henri Eyebe Ayissi, nous sommes conscients effectivement des problèmes auxquels font face la plupart des communautés. Et nous sommes vraiment, je peux dire, prêts à faire face à ces problèmes et à donner un début de solution à tous ces soucis qui englobent les populations. »

Tel que souligné par le CNUDHD-AC, le besoin d’élargir la réflexion sur la prise en compte des droits de l’homme au niveau communautaire intervient dans un contexte national caractérisé par des programmes d’investissements majeurs dans les infrastructures et l’exploitation des ressources naturelles. Ces projets, souvent situés en zones rurales, génèrent des impacts significatifs sur les communautés locales. Ces impacts peuvent être positifs-création d’emplois, nouvelles opportunités économiques mais aussi négatifs : perte de terres, destruction de plantations, risques de pollution ou de propagation de maladies. La multiplication des conflits locaux autour de ces projets montre la nécessité de renforcer les cadres de dialogue et les mécanismes de protection existants.

Faut-il le rappeler, l’organisation de cette journée à Batchenga intervient également au moment où le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale (CNUDHD-AC) et le gouvernement du Cameroun tablent sur les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme.

 

Elise Kenimbeni

 

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