La question de la gratuité du préscolaire au Cameroun était une fois de plus au cœur de la conférence de presse annuelle de la « Cameroon Education For All Network (CEFAN)», qui s’est tenue le 19 décembre 2025 à Yaoundé.

Placée sous le thème « Plaidoyer du CEFAN pour la gratuité du préscolaire au Cameroun », cette rencontre avec les médias visait à attirer l’attention des pouvoirs publics et de l’opinion nationale sur l’urgence d’un meilleur financement de l’éducation de la petite enfance.
S’exprimant devant les médias, Monsieur Baloma Josué, Coordonnateur National du CEFAN, a rappelé que le droit à l’éducation est un droit humain fondamental qui s’exerce dès la naissance. Il a souligné que, malgré les engagements nationaux et internationaux du Cameroun, l’accès au préscolaire demeure fortement limité, en particulier pour les enfants issus des familles à faibles revenus.
Josué Baloma dit : « Le droit à l’éducation est un droit humain fondamental et universel selon lequel toute personne, sans distinctions de quelques types, natures et formes que ce soient, a droit à une éducation de qualité. Ce droit existe dès la naissance. Les États et les sociétés doivent le respecter, le protéger et le réaliser. Il trouve son ancrage dans une kyrielle d’instruments juridiques. Au niveau international, on peut citer la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH), le Pacte International relatif aux Droits Économiques, Sociaux et Culturels (PIDESC), la Convention relative aux Droits de l’Enfant (CDE) et la Convention sur l’Élimination de toutes Formes de Discrimination à l’Égard des Femmes (CEDEF). Notons que le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes recommande un enseignement gratuit et obligatoire de la maternelle à la fin du secondaire. »

Il également souligné le fait que plusieurs instruments régionaux auxquels le Cameroun est signataire indiquent le caractère obligatoire et gratuit de l’enseignement élémentaire pour les enfants.
« Cet état des choses est confirmé au niveau régional par la Stratégie Continentale de l’Education pour l’Afrique CESA 26-35, la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples… ; au niveau national par la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030 (SND30), le Document de la Stratégie du Secteur de l’Education et la Formation à l’horizon 2030 (DSSEF24-30), ainsi nombre de décrets et autres textes d’application. » a-t-il relevé dans son propos liminaire.
Selon les données présentées par le CEFAN, seulement environ 40 % des enfants âgés de 4 à 5 ans ont accès à l’éducation préscolaire au Cameroun, soit près de 600 000 enfants sur plus de 1,5 million attendus. Autrement dit, plus de 900 000 enfants restent exclus de ce niveau d’enseignement pourtant crucial pour leur développement cognitif, émotionnel et social.
Le CEFAN identifie comme principal obstacle le coût du préscolaire public, notamment les frais exigibles estimés à 7 500 FCFA, auxquels s’ajoutent d’autres charges indirectes (tenues, cantine, transport, matériel pédagogique.

Face à cette réalité, de nombreux parents préfèrent attendre l’âge de six ans pour inscrire leurs enfants au primaire, considéré comme gratuit.
Pour ce réseau d’organisations qui œuvrent dans l’éducation, cette situation est paradoxale, car les études démontrent que l’investissement dans l’éducation de la petite enfance est le plus rentable.
« Chaque franc investi dans le préscolaire génère des retombées sociales et économiques importantes à long terme », a rappelé Josué Baloma, citant les analyses du Comité des droits de l’enfant.
Dans son plaidoyer, le CEFAN appelle le gouvernement camerounais à supprimer les frais exigibles dans le préscolaire public, au même titre que l’enseignement primaire. Une doléance de plus au vu de la situation précaire que vivent de nombreux enfants, sans toutefois parler des gaps existants avec les enfants vivants avec des handicaps exclus en majorité des classes.
Cette revendication s’appuie sur plusieurs arguments, notamment le respect des engagements internationaux du Cameroun, le cadre juridique national favorable, la cohérence des politiques de développement et le positionnement du pays comme leader africain en matière d’éducation.
Sur le plan financier, le CEFAN estime que la gratuité du préscolaire représenterait un coût annuel d’environ 4,5 milliards de FCFA, une somme jugée mobilisable à travers l’augmentation du budget de l’éducation, la taxation de certaines activités économiques, la contribution de la responsabilité sociale des entreprises ou encore la mise en place de mécanismes innovants de financement.
À l’issue de cette conférence, le CEFAN a lancé un appel solennel au gouvernement pour accroître le financement domestique de l’éducation et initier une loi consacrant clairement la gratuité de l’éducation de base, incluant le préscolaire.
« Investir dans la petite enfance, c’est investir dans l’avenir du Cameroun », a conclu le Coordonnateur National, Monsieur Baloma Josué, tout en invitant les médias à jouer pleinement leur rôle de relais de l’information et de sensibilisation du grand public.
Au cours de cette rencontre avec les médias, le Coordonnateur National du CEFAN était accompagné par plusieurs autres membres du réseau et leaders de plateformes œuvrant pour une éducation de qualité au Cameroun.
Myriane Djamegne
