Cette annonce a été faite au cours du forum national sur les femmes et le foncier, présidé le 07 novembre 2024 par le Gouverneur de la région du Centre.

Naseri Paul Bea, Gouverneur de la région du Centre est une fois de plus monté au créneau pour fustiger les mythes et pesanteurs socio-culturelles qui empêchent les femmes d’avoir accès aux terres dans plusieurs contrées du Cameroun.

Le patron de la région du Centre, Naseri Paul Bea, a dans son propos liminaire appelé une fois de plus les autorités administratives et traditionnelles à jouer leurs rôles sans parti pris dans les multiples litiges fonciers qui opposent les femmes, les veuves et certaines couches défavorisées.

Le Gouverneur de la région du Centre s’est exprimé au cours du forum national sur les femmes et le foncier qui s’est tenu le jeudi 07 novembre 2024 à Yaoundé, dans la salle des réunions du conseil régional pour le Centre.

Lutte contre les inégalités et disparités sociales

D’entrée de jeu les objectifs dudit forum national ont été présentées par Monsieur Tick Ndewe, responsable suivi et évaluation de l’association Horizons Femmes.

Ce forum national qui a regroupé toutes les parties prenantes du projet dénommé : « Femmes et Foncier » piloté par l’association Horizons Femmes et son partenaire African Women Development Fund (AWDF), fait suite à la réunion d’évaluation sur les avancées et défis de la phase 2 de ce projet école pour les populations cibles.

Une rencontre faut-il le dire, qui s’inscrit dans le cadre du projet dénommé : « Femmes et Foncier » dont la phase 2 est en cours qui s’intitule : « Mobilisation communautaire et plaidoyer pour la sauvegarde des droits fonciers des femmes et veuves dans les régions du Littoral, Centre et de l’Ouest du Cameroun ».

Dans son discours d’ouverture des travaux, tout comme dans l’interview accordée aux médias présents, Naseri Paul Bea a insisté sur le fait que la terre n’est pas seulement une affaire d’hommes.

Selon le Gouverneur de la région du Centre, les femmes ont droit aux terres. Et de nos jours, elles sont assez émancipées pour réclamer ce qui leur est de droit.

« Nous voulons encourager les autorités administratives, traditionnelles et autres acteurs qui gèrent les titres fonciers, de penser aux femmes lorsqu’ils interviennent dans des litiges. Il est question de penser à celles qui veulent étendre leurs activités commerciales et nourrir leurs familles. Et telle que la politique du Chef de l’Etat a été mise en place, il est important de lutter contre toutes ces disparités et inégalités sociales… » dixit Naseri Paul Bea.

La Présidente du Conseil d’administration de l’association Horizons Femmes, Evelyne Ndjeba dans son allocution a mis en exergue plusieurs points cruciaux qui entravent l’accès à la terre chez les femmes notamment les veuves qui en majorité font face à des querelles familiales.

Extrait du discours de Madame Ndjeba en audio

Madame Ndjeba a indiqué que malgré l’existence des législations et règlements en matière foncière, et qui de surcroit donnent les mêmes droits aux femmes qu’aux hommes, des tendances discriminatoires à l’égard des femmes demeurent dans la pratique.

Elle a aussi souligné que plusieurs femmes notamment celles du monde rural n’ont pas accès aux terres du fait des disparités sociales malgré leur rôle crucial dans l’agriculture et l’élevage.

Sylvie Ndjeba dit : « Ce paradoxe où les femmes cultivent et entretiennent la terre sans en être les propriétaires légales constituent alors le principal défi de ce projet. Compte tenu du constat que les femmes s’avèrent être des simples squatters sur leurs propres terres, tout en étant pratiquement absentes des registres fonciers. A cet effet, les statistiques, de l’institut national des statistiques (INS) révèlent qu’en 2018, seulement 26% des titres fonciers établis au Cameroun l’étaient en faveur des femmes… »

Extrait du discours de Madame Ndjeba en audio

Grace à ce projet et aux multiples formations organisées dans les sites de mise en œuvre, plusieurs femmes ont été outillées et savent désormais qu’il faut faire recours aux autorités compétentes. C’est les cas de dames Sakam et Eyebe Angeline qui ont vécu des vertes et des pas mures dans leurs familles après les décès de leurs époux.

Durant les échanges, plusieurs autorités administratives des Ministères de la Promotion de la Femme et de la Famille(MINPROFF), des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (MINDCAF) tout comme plusieurs autres acteurs présents à ce forum national ont partagé avec l’assistance des cas d’école et des situations dans lesquelles plusieurs femmes sont engouffrées.

Le problème d’absence d’acte de mariage pour plusieurs femmes qui lorsqu’elles perdent leurs conjoints sont jetées a la porte a été évoqué tout comme celui d’acte de naissance pour les enfants issus de ces unions.

Il a été conseillé aux femmes (veuves) bénéficiaires du projet ainsi qu’aux chefs traditionnels, les administrations sectorielles de sensibiliser les communautés sur la nécessité de se conformer aux normes et législations en vigueur.

Cette rencontre a permis également aux garants de la territoriale de partager leurs expériences. C’est les cas des Sous-préfets des arrondissements d’Esse dans la Mefou et Afam et de Ndikimenki dans le Mbam et Inoubou, région du Centre, qui ont relevé des problématiques auxquelles ils font face aux quotidien en ce qui concerne les litiges fonciers et comment ils s’accompagnent leurs populations des cas très complexes.

Les travaux qui ont été par la suite présidés par le Secrétaire Général de la région du Centre ont permis entre autres à la signature de la toile de plaidoyer. Une action qui marque ainsi l’engagement et la solidarité des autorités administratives dans ce combat pour accès équitable aux terres tant chez les hommes que chez les femmes.

Aux sorties de ce forum, Elie Bernard Nguelé Meyanga, Délégué Régional MINPROFF pour le Centre a ajouté :

« La promotion des droits de la femme notamment en ce qui concerne le volet accès a la terre est un travail qui nécessite la collaboration de tous les acteurs nationaux et même internationaux. Le travail que l’association Horizons Femmes abat sur le terrain consiste justement à aider les femmes à protéger leurs droits mais également à les aider à avoir accès a la terre. Avoir accès à la terre veut dire avoir accès à une garantie en ce qui concerne l’accès au crédit. Et le fait pour une femme d’avoir une garantie lui permet de produire une garantie réelle qu’une banque ou une microfinance peut lui demander, ceci pour avoir en retour un financement pour son activité. Nous voulons encourager c travail qui participe de la mise en œuvre de la feuille de route du MINPROFF pour l’année 2024.

Des statistiques qui appellent au changement

Selon des statistiques du Ministère du Domaine, des Cadastres et des Affaires Foncières (MINDCAF), de 2005 à 2014, pour l’ensemble des dix régions du Cameroun, en 2005, 4200 titres fonciers ont été établis aux hommes, contre 869 soit 20 % aux femmes. En 2013, sur 11937 titres fonciers,8398 appartiennent à des hommes contre 2309 soit 19% des femmes.

Malgré une petite évolution des statistiques, et ceci grâce aux efforts des initiatives menées dans le passé, il ya eu une augmentation en terme d’acquisition des titres fonciers chez les femmes. On est passé de 3% en 2009 à 27% en 2019.

Dans le cas spécifique de la région de l’Ouest, sur le quota de 3,2% des titres enregistrés dans cette région, au total, seulement 0,1% de titres fonciers sont ceux détenus par les femmes.

A propos du projet « Femmes et Foncier »

Le projet dénommé : « Femmes et Foncier » est piloté par l’association Horizons Femmes et son partenaire technique et financier « African Women Development Fund (AWDF).

Il a été mis en place afin d’offrir aux victimes et autres parties prenantes la possibilité de réduire significativement le champ des discriminations faites aux femmes en rapport avec leurs droits domaniaux, patrimoniaux et successoraux.

Ce projet qui a jusqu’ici impacté plusieurs bénéficiaires notamment les femmes qui étaient à l’école du foncier, a pour objectif principal, de favoriser la jouissance des droits économiques par les femmes au Cameroun.

Le projet est implémenté dans trois régions du Cameroun. A savoir le Centre (Mbam et Inoubou, Mefou et Afamba, Lékié et Nyong et So’o) ; à l’Ouest (Ndé, Haut-Nkam, Mifi, Noun, Menoua et Bamboutos) et dans le Littoral9Moungo, Wouri, Sanaga-Maritime).

Timesnews2.info

 

 

 

 

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