Dans une déclaration conjointe avec d’autres organisations de la société civile, faite récemment dans la ville d’Edéa au Cameroun, le RADD a élaboré les nombreux abus auxquels font face les familles riveraines des grandes plantations.
Alors que le Cameroun se joint à la communauté internationale pour commémorer la journée internationale de lutte contre les monocultures d’arbres ce 21 septembre 2022, c’est une fois de plus l’occasion pour le Réseau des Acteurs du Développement Durable (RADD) et d’autres organisations de la société civile de monter au créneau afin de décrier les multiples abus auxquels font face les familles riveraines des grandes plantations a l’instar de la Socapalm à Edéa.
En effet, le RADD a organisé du 8 au 10 Aout 2022 à Edéa, dans le département de la Sanaga-Maritime, région du Littoral du Cameroun, une rencontre nationale des riverains des grandes plantations de monoculture. Cette énième rencontre organisée par le RADD a permis aux différents acteurs présents, de se pencher sur les responsabilités sociétales et environnementales de ces grandes plantations qui enfreignent non seulement les lois et textes mais aussi les droits des personnes et familles qui habitent les alentours où ces sociétés sont installées.
Ces familles riveraines, qui sont très souvent laissées pour compte, sont victimes d’accaparement de terres, d’exploitation dans ces plantations, de violences faites sur les femmes et les jeunes filles, y compris les femmes enceintes et n’ont pas accès aux besoins de base tels que l’eau et la nourriture provenant des champs. Le cas de la Société Camerounaise de palmeraies (Socapalm), qui est une société agro-industrielle d’huile de palme, a été mis sur la table lors des échanges d’Edéa, au vu des nombreuses plaintes des familles affectées par ses activités et qui jusqu’ici n’ont pas porté des fruits. A travers le RADD et ses partenaires, il a été question de rappeler à la société qu’elle a un cahier de charge à suivre et se doit de respecter les riverains autour de ses plantations.
Tout comme la Socapalm, plusieurs grandes sociétés ayant des usines dans certaines zones rurales sont sur le banc des accusés pour non-respect des cahiers de charges et surtout pour abus des riverains qui sont sans voix et ne peuvent pas se plaindre faute de moyens.
Le RADD qui ne cesse de mener des actions en faveur de la protection des familles et personnes vulnérables, victimes de ces abus, continue de faire son plaidoyer auprès des administrations publiques et privées pour le respect des droits pour tous.
Le RADD créée en 1996, œuvre dans la promotion des initiatives de développement durable avec des activités axées sur : La souveraineté alimentaire (valorisation des produits traditionnels locaux, lutte contre la dépendance alimentaire, création des banques de semences, transformation agroalimentaire…) ; La sauvegarde de la diversité biologique locale (non aux OGM, reboisement, agro carburants, Droit de la propriété intellectuelle…) ; L’appui au développement des alternatives économiques (accompagnement dans l’élaboration des business plan) et le renforcement institutionnel du RADD (renforcement des capacités logistiques, matérielles, des ressources humaines du RADD…)
Elise Kenimbeni
Lire la déclaration du RADD en intégralité :
DECLARATION CONTRE LA RSPO DE SOCAPALM
NOUS, RIVERAINES des agro-industries de monocultures du Cameroun : SOCAPALM (DIBOMBARI, EDEA, ESEKA, KIENKE, MBAMBOU, MBONGO, SAFACAM), SUDCAM/CEA, SOSUCAM, CAMVERT ;
Réunies à Edéa du 08 au 10 août 2022, dans le cadre de la rencontre nationale des riveraines du Cameroun ;
En partenariat avec le Réseau des Acteurs du Développement Durable, Green Development Advocate, SYNAPARCAM, WOCOTOMADI Cameroun, APDDH (défense des droits de l’Homme), Journalists for Earth, Jeunes Volontaire pour l’Environnement-Côte d’Ivoire, Jeunes Volontaire pour l’Environnement-Ghana, EPER Suisse ;
Nous nous plaignons des abus continuellement perpétrés sur les femmes et les familles riveraines de la SOCAPALM ;
Constatons le non-respect des clauses sociales et environnementales inscrites dans le cahier de charges, notamment :
- Les accaparements des terres (extensions illicites, non rétrocession des terres, non-respect de la justice sociale, non consultation des riveraines…) et les expulsions sans indemnisations ni compensations ;
- L’absence criarde d’infrastructures de développement et services sociaux de base (centres de santé, routes, hôpitaux, écoles et centres de formation, eau potable et énergie…) ;
- La violation du droit à la nourriture par les famines du fait de l’absence des terres cultivables ;
- Les violations des lieux cultuels et culturels (sépultures, sites sacrés) ;
- Les atteintes aux libertés individuelles, la violation des droits socio-professionnels, les conditions de travail indécent, le travail sous tension, la discrimination à l’embauche ;
- La non immatriculation des employés sous-traitant à la sécurité sociale ;
- Les violences faites sur les femmes et les jeunes filles, y compris les femmes enceintes, les outrages sexuels des femmes et jeunes filles (les viols, le harcèlement sexuel, les détournements de mineurs…) ;
- Les débauches (la délinquance juvénile, la prostitution, la consommation abusive d’alcool et des drogues…)
- Les troubles de jouissance, la confiscation des moulins des femmes, destruction des biens, les violations de domicile.
- Les activités dangereuses illustrées par le creusage des tranchées ;
- La pollution de l’air, du sol et de la nappe phréatique souterraine ;
- Les arrestations et détentions arbitraires, les intimidations et menaces, etc. ;
Vu la certification RSPO accordée à la SOCAPALM en 2020 et 2021 ;
Vu le décret N° 2022/5074/PM du 04 juillet 2022, fixant les modalités de contrôle de la conformité sociale des projets ;
Appelons au sens d’éthique, de justice et de responsabilité de l’organisme en charge des certifications RSPO !
Dénonçons avec véhémence l’octroi de la certification RSPO à la SOCAPALM !
Exigeons la rétractation et l’annulation de ladite certification !
Nous, signataires de la déclaration du 10 août 2022, venons vous faire tenir ce jour du 21 septembre 2022 qui marque la Journée Internationale de la Paix mais aussi, la journée internationale de lutte contre les monocultures d’arbres, la déclaration contre la RSPO écrite à Edéa, lors de la rencontre nationale des femmes riveraines de monoculture du Cameroun.
Les signataires