C’est l’un des points majeurs de l’atelier de plaidoyer auprès des mairies et services déconcentrés de l’Etat pour l’emploi des Personnes handicapées. Une rencontre organisée par Promhandicam association le lundi 17 juillet 2023 à Yaoundé, capitale du Cameroun.
Pour cette autre rencontre organisée par Promhandicam Association, l’objectif général était de favoriser un égal accès des personnes handicapées aux opportunités d’emploi qu’offrent le gouvernement et les entreprises au Cameroun. Et pour accentuer la communication autour de cette problématique majeure, il a été question de faire asseoir autour d’une seule et même table tous les responsables des mairies et services décentralisés de l’Etat.
Les objectifs généraux et spécifiques de cet atelier ont été déroulés par Inès Noukate, responsable du plaidoyer et de la communication du projet.
Cet atelier qui s’est tenu le lundi 17 juillet 2023 à l’hôtel Hilton de Yaoundé, a permis une fois de plus de mettre sur la sellette toutes les difficultés et barrières que rencontrent les personnes vivants avec handicaps (PHV) dans la société lorsque ces dernières sont à la recherche d’un emploi.
Très souvent victimes de stigmatisation, de marginalisation, d’exclusion, d’abandon, de rejet, d’injustice sociale et même parfois abusées, les Personnes handicapées n’ont pas accès aisément aux services sociaux de base, et sont, dans leur grande majorité, privées d’un encadrement et d’un environnement susceptible d’assurer leur pleine et effective participation à la vie de la société, sur la base de l’égalité avec leurs concitoyens valides, simplement du fait d’une déficience motrice, sensorielle ou mentale.
Enjeux du plaidoyer
Ce énième plaidoyer qui intervient après celui organisé dans le cadre du projet dénommé : « Center Cameroon Cluster Programme (CCCP) » de Promhandicam Association, qui jusqu’ici a porté des fruits, vient davantage consolider ce qui avait été fait en amont.
Ledit plaidoyer qui est donc placé sous le couvert du projet d’appui à l’amélioration de l’accès aux services d’éducation et de réadaptation physique des personnes handicapées de la région du Centre, est financé par la « Christian Blind Mission » (CBM), et se veut un catalyseur du développement pour les PVH au Cameroun.
Dans son propos liminaire, Claude François Kamen, Coordonnateur du projet d’appui à l’amélioration de l’accès aux services d’éducation et de réadaptation physique des personnes handicapées de la région du Centre, a tout d’abord planté le décor avec la genèse de la création de Promhandicam en 1975 ; ses missions et ses activités qui sont centrées sur le social.
Il a aussi ressorti l’impact positif qu’a eu le CCCP au cours de ces huit (8) dernières années sur le terrain en terme d’éducation inclusive, de réinsertion socio-économique et professionnelle aux personnes handicapées.
« Nous ne faisons qu’accompagner et mettre en œuvre l’action gouvernementale avec le peu de moyens que nous disposons. Nous ne faisons qu’ajouter de l’eau dans le moulin comme on le dit très souvent. » dit-il.
Monsieur Kamen a relevé les contours de ce nouveau projet dont il a la charge, tout en soulignant que le projet n’est plus sous forme de cluster mais c’est juste un projet de courte durée qu’il a décrit comme « projet de transition ».
Il a indiqué que : Il est question pour nous de continuer ce que nous avons fait dans les années précédentes et de voir ensemble ce que l’on peut faire. Et c’est le lieu pour moi de rappeler et de saluer les nombreuses actions entreprises avec les collectivités territoriales décentralisées notamment avec les mairies avec lesquelles nous avons eu à signer des conventions de collaboration. Je crois que les maires ont compris qu’il ya des efforts à fournir pour l’accompagnement et la promotion des personnes handicapées. Des actions de plaidoyer ont commencé au niveau des personnes handicapées elles-mêmes et il est surtout question que cela aille au-delà des personnes handicapées. Il est aussi question pour nous de faire en sorte que les personnes handicapées aient les compétences pour pouvoir se mettre au-devant de la scène, et évidemment nous avons la plateforme inclusive society qui existe et avec laquelle nous travaillons mais le plus gros lot pour nous consiste à aller vers les décideurs, ceux-là qui prennent des décisions concernant les populations. Les actions que nous avons commencés ne peuvent pas avoir de bons résultats si le gouvernement à travers les collectivités décentralisées et les services de l’Etat ne s’investissent pas. Nous faisons des actions de plaidoyer pour que vous compreniez que les personnes handicapées sont des gens avec des compétences, des personnes à part entière prêtent à servir et à qui l’on peut faire confiance… »
Que prévoit la loi pour le recrutement des PVH ?
Il est important de souligner que cette rencontre initiée par Promhandicam Association se focalise sur les différents instruments juridiques mis en œuvre pour la promotion des personnes handicapées. La loi camerounaise sur la décentralisation, qui procure un rôle fondamental aux communes pour un développement inclusif des communautés. Dans cette même optique, la loi du 13 avril 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées, dans ses articles 38, 39 et 40, précise que l’Etat et les collectivités territoriales décentralisées accordent des mesures préférentielles pour l’intégration socio-économique des personnes handicapées notamment lors des recrutements et la création des entreprises.
Le Représentant du Ministère des Affaires Sociales, Monsieur Ayo Paul Martin qui est par ailleurs sous-directeur à la direction de la protection sociale des personnes handicapées et des personnes âgées, a, dans sa présentation, souligné le fait qu’il existe des dispositifs légaux et règlementaires internes de promotion du droit à l’emploi des personnes handicapées. Il a évoqué les dispositions prises par la constitution du Cameroun de 1996, la loi du 13 Avril 2010, la dispense d’âge entre autres.
Paul Martin Ayo a tenu à expliquer ce qu’apportent désormais les modalités d’application de la dispense d’âge concrètement.
Selon monsieur Ayo, il est question à travers la dispense d’âge de tenir compte de l’approche handicap, des difficultés, les obstacles que peuvent connaitre les PVH dans le cursus de formation, le cursus éducationnel et même dans les concours et recrutements administratifs. A travers la dispense d’âge les personnes handicapées ont un ajout de 5 ans de plus sur tous ces aspects contrairement aux personnes valides.
« Il faut dire que depuis des années, Madame le Ministre des affaires sociales a mené un plaidoyer très actif. Ce plaidoyer actif a abouti au plus haut niveau en terme de renforcement du cadre juridique de protection de cette cible par la ratification tant attendue de la convention des Nations Unies relative au droit des personnes handicapées. Le Cameroun a aussi ratifié le Protocol additionnel de la Charte Africaine relative au droit des personnes handicapées le 28 Décembre 2021. Il est donc question au regard du renforcement de ce cadre juridique de passer à la phase opérationnelle. Il faut donc implémenter un ensemble d’actions qui prendraient et positionneraient les personnes handicapées comme des véritables acteurs de ce développement inclusif… » Dixit Paul Martin Ayo.
Accompagnement des partenaires dans le processus
Au cours de cet atelier, l’une des intervenantes conviées pour un partage d’expérience était Madame Bewoto Esther, Directrice des ressources humaines de l’hôtel Hilton de Yaoundé. Elle a en quelques mots, dévoilé ce qui est fait dans le cadre du processus de recrutement des personnes handicapées dans cette prestigieuse entreprise hôtelière.
D’après madame Bewoto, l’hôtel Hilton de Yaoundé a 4 employés qui sont des personnes handicapées et compte encore recruter de nouvelles personnes grâce au partenariat établi avec Promhandicam Association.
Emmanuelle Tchotchom, Directrice Exécutive de la plateforme inclusive society, qui est un réseau des organisations des PVH s’est appesantie sur la collaboration mise sur pieds avec Promhandicam et qui a déjà permis d’accroitre le nombre de personnes handicapées sur le marché de l’emploi.
« C’est dans cet optique qu’avec la plateforme que nous sommes en train de travailler avec la collaboration technique du ministère des affaires sociales pour l’actualisation de la monographie des types de métiers pour les personnes vivants avec handicaps au Cameroun. La monographie date de 2007, elle est caduc et vu le cadre juridique qui a été enrichi avec les nombreuses ratifications de l’Etat du Cameroun et même la loi de 2010, il est important d’actualiser la monographie pour avoir une base claire sur les métiers possibles et accessibles aux personnes handicapées. »
Il faut indiquer que selon EDSIV, la prévalence du handicap au Cameroun est de 5.4% de la population totale, dont 7,3% dans le Centre et 3,7% à Yaoundé. Sur cet effectif, le taux de chômage est de plus de 80% ; peu d’entre elles sont soutenues dans la quête de leur autonomie et dans leur volonté d’entreprendre ; les entreprises, dans la grande majorité sont encore réticentes pour recruter voire accompagner les personnes handicapées. Pourtant, il existe une législation au Cameroun qui fixe les quotas de personnes handicapées que les entreprises doivent recruter. Sur le plan infrastructurel, la plupart des entreprises et administrations sont logées dans des bâtiments dont l’accès n’est pas facile aux personnes handicapées malgré l’existence de nombreux règlements et lois.
Elise Kenimbeni