Les nombreux Experts et participants venus prendre part au forum international de Yaoundé sur la désinformation du 13 au 14 juin 2022 ont planche sur des stratégies à mettre en œuvre afin de tordre le cou à la prolifération des fausses nouvelles.

Du 13 au 14 juin 2022, Yaoundé capitale camerounaise a abrité le tout premier forum international sur la désinformation. L’initiative de l’ONG Adisi Cameroun dont le siège est basé dans la ville économique de Douala avait pour objectif principal : construire une synergie nationale et internationale autour de la lutte contre la prolifération des fausses nouvelles au Cameroun.

Cette rencontre qu’a abrité l’institut français de Yaoundé, a accueilli durant deux jours des participants des pays d’Afrique tels que : le Sénégal, le Benin, le Mali, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la République Centrafricaine (RCA) ainsi que des experts venus de la France.

Diplomates, Autorités administratives, Experts en factchecking, Journalistes, Bloggeurs, étudiants en communication et journalisme et d’autres acteurs clés ont pu pencher de fond en comble sur le phénomène des fakes news qui déstabilise la vie socio-économique et politique des populations et des gouvernements.

Selon le Président Directeur Général de CFI, Thierry Vallat, le forum international de Yaoundé sur la désinformation vient à point nommé. Il est question de trouver des stratégies concrètes qui peuvent guérir ce mal du 21eme siècle.

Des personnalités invitées à l’instar de Isabelle Vackat, Vice-Présidente du Haut-conseil de la communication de Centrafrique ont salué l’initiative qui permet aux pays comme la RCA de bénéficier de la matière grise, étant donne le taux de prolifération des fausses nouvelles qui impacte de plus en plus dans les domaines politiques, sociaux et économiques.

Isabelle Vackat dit que la RCA fait partie du berceau des fake news en Afrique Centrale et il est de plus en plus difficile de contrôler d’où proviennent la désinformation.

Paul-Joel Kamtchang, Secrétaire Exécutif d’Adisi Cameroun a indiqué lors de son propos liminaire, l’importance de mettre en place une loi cadre sur l’accès a l’information et qui par ailleurs ferait une part belle à « l’open data » et mettrait face à leurs responsabilités, producteurs et consommateurs de l’information. Il a souligné le fait que les fausses nouvelles ne cessent de s’amplifier face à l’accès à internet et l’utilisation abusive des réseaux sociaux.

Afin de lutter contre les fausses nouvelles et la désinformation, certains experts et journalistes convies à ce grand rendez-vous ont évoqué durant les tables rondes, les différentes stratégies et des actions concrètes à mettre sur pieds.

Selon Assane Diagne, Journaliste sénégalais l’un des moyens les plus efficaces pour lutter contre la désinformation est le factchecking, qui est une réponse journalistique à ce phénomène. Cependant, il indique que cette réponse journalistique à elle seule ne saurait suffire car il faut ratisser beaucoup plus large.

 Le Journaliste Sénégalais spécialisé en factchecking depuis plus d’une décennie, indique qu’il serait nécessaire dans un premier temps de nouer des partenariats entre différentes rédactions qui s’intéressent aux questions de factchecking, pour un impact considérable tout comme nouer des partenariats avec des plateformes de relais d’informations sur la toile.

« Tenez par exemple, on peut nouer des partenariats avec Google, Facebook et bien d’autres pour qu’ils essayent non seulement de bloquer ces fake news la dans les algorithmes mais aussi de donner la priorité aux articles de factchecking… » Dit-il.

Comme deuxième stratégie proposée par Assane Diagne, il est question de travailler en étroite collaboration avec les autorités pour la régulation et la mise en exergue des avis des experts du factchecking sur les contenus des programmes d’éducation aux médias qui est aussi un levier qui faudrait appuyer pour contrer la désinformation sur le continent.

Au-delà des nombreux échanges et partages d’expériences qui ont été mis en vitrine, des spécialistes du factchecking comme Valdez Onanina, Journaliste d’origine camerounaise et formateur à Africa Check à Dakar au Sénégal, apprécient la qualité de l’organisation de ce forum qui a totalise une quinzaine de tables rondes, ateliers et master class.

« Personnellement je rentre au Sénégal avec de grands enseignements et j’espère pouvoir être à la hauteur car à Dakar nous souhaitons organiser d’ici la fin d’année un forum de la même ampleur. »

Valdez Onanina s’est également appesanti sur le fait que l’une des stratégies clé à mettre en exergue est celle du factchecking dans les rédactions.

« Je pense qu’il faut à tout prix que nous journalistes ayons l’humilité de retourner au factchecking, qui en soi n’est pas quelque chose d’extraordinaire ou de nouveau mais qui est vraiment consubstantiel même dans la fonction journalistique. Il faudrait qu’on retourne à ça, il faudrait qu’on l’intègre dans les process éditoriaux et que l’on accepte de s’y mettre et que l’on ne regarde plus le factchecking de loin. »

D’après Dania Ebongue, président de l’association des bloggeurs du Cameroun, le monde est au cœur de la désinformation et le forum international de Yaoundé sur la désinformation est un outil d’expression qui permet de redresser ce phénomène.

Pour Dania, l’une des stratégies premières est de se faire écouter. Il faut sensibiliser les communautés, travailler sur les mentalités de nos populations qui attachent du prix à la propagande de fausses nouvelles qu’à la bonne information. Il a pris l’exemple d’un monsieur qui, a cause des fake news, est réfractaire à tous les vaccins contre la COVID-19.

Il dit : « Il ya certains qui n’appartiennent à aucune communauté mais qui ont leur mindset de leur côté, qui pensent autrement. J’ai été témoins de quelqu’un qui ne va pas aller au pèlerinage du Hadj à la Mecque parce qu’il a un problème avec la vaccination. Ce dernier va perdre son visa tout simplement parce qu’il est réfractaire a la vaccination or, vous ne pouvez aller dans aucun pays actuellement si vous n’êtes pas vaccinés contre le COVID-19. Lui il a cru au discours qui disait que le vaccin veut tuer les gens. Il y a cru pourtant ceci part d’un fake news mais ça été vraiment bien huile qu’il y a des gens qui y croient dur comme fer… »

Le Journaliste bloggeur camerounais a toutefois insisté sur le fait que les gouvernements ont leurs rôles à jouer dans la lutte contre la désinformation, ceci à travers la mise en place des lois et des formations. Les enseignants, les leaders religieux et traditionnels également ont leur rôle à jouer dans cette partition. Selon Dania Ebongue, ils doivent éduquer, reformer les mentalités des personnes. Tout comme les bloggeurs et journalistes qui ont aussi la mission d’éducation et de soigner leurs contenus afin de diffuser ou publier des informations responsables.

Grâce à l’ONG Adisi Cameroun et ses partenaires CFI Développement Médias, le ministère de l’Europe et des affaires étrangères, médias et démocratie, l’Ambassade de France au Cameroun ainsi que l’Institut français, les participants à ce forum ont eu du grain à moudre et tirer de nombreux enseignements de qualité.

Il faut dire qu’Adisi Cameroun entreprend depuis des années de nombreux projets à travers le pays dans le but de lutter contre les fake news. L’ONG qui a, à sa tête, le Journaliste et Data activist, Paul-Joël Kamtchang coordonne le programme Désinfox, dont les bénéficiaires sont aujourd’hui les ambassadeurs de lutte contre les fausses nouvelles et les discours de haine.

Elise Kenimbeni

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